Olivier Maurel

Écrivain militant – Non à la violence éducative !

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Un mythe tenace : la rapidité de l’action violente

Un mythe tenace : la non-violence, c’est trop lent, en cas d’urgence, seule la violence est efficace.

Dans les cas d’agression individuelle, il existe des circonstances où même le plus fervent partisan de la non-violence, face, par exemple, à un agresseur fou furieux, sera contraint à la fuite, à la passivité ou au recours à la violence (ce qui ne le sauvera pas nécessairement!).

Mais les situations d’urgence où il est possible d’intervenir individuellement et efficacement par la violence sont, en fait, rarissimes, soit par manque de temps, soit par manque de moyens.

Si l’on se donnait en permanence les moyens de la violence, c’est-à-dire si chacun était armé, la société deviendrait un sinistre Far West. Les Etats-Unis en font aujourd’hui l’expérience ! On n’y compte plus les tueries dans les écoles et la criminalité y est supérieure à celle de bien des pays du même niveau social.

D’autre part, ni leurs gardes du corps ni leurs armes n’ont pu protéger contre leurs agresseurs des quantités de personnalités et de policiers armés victimes d’attentats.

En réalité, dans la plupart des cas d’urgence, ou bien on se trouve dans l’impossibilité totale d’agir, ou bien on a le choix entre violence et non-violence.

Mais beaucoup de gens s’imaginent que la non-violence est beaucoup trop lente dans son action et que pour faire cesser certaines situations d’injustice, il n’y a pas d’autre moyen que de recourir à la violence.

Or, l’idée que la violence agit plus vite que la non-violence dans les conflits collectifs est un mythe qui ne se maintient dans les esprits que parce qu’on n’a pas pris la peine de comparer à travers l’histoire la rapidité d’action des moyens violents et des moyens violents.

Quand on examine systématiquement la durée moyenne des conflits menés à travers le monde depuis 1945 par la guérilla, la guerre civile ou le terrorisme dans une trentaine de pays, on s’aperçoit qu’elle est de plus de 23 ans et que beaucoup de ces conflits ne sont pas encore terminés et peuvent donc rallonger encore cette moyenne.

Ces conflits ont causé des centaines de milliers de morts, rendu exsangues les pays où ils se sont déroulés et laissé sur place des millions de mines qui tuent ou mutilent chaque jour des dizaines d’enfants et d’adultes.

Dans la mesure où leurs objectifs auraient été compatibles avec la non-violence, si les leaders de ces guérillas et de ces mouvements terroristes avaient recouru avec la même détermination à des moyens non-violents pendant le même nombre d’années, ils auraient certainement obtenu des résultats infiniment supérieurs, sinon des victoires complètes, sans les conséquences catastrophiques des conflits armés.

Une grande partie des conflits évoqués ci-dessus sont d’ailleurs presque oubliés par les médias pourtant avides de sang et de violence. La guerre, quand elle dure des années, devient une sinistre routine et n’a même plus la vertu de réveiller l’opinion publique.

Contrairement aux États du XIXe siècle qu’une simple insurrection suffisait parfois à renverser, les États modernes, démocratiques aussi bien que totalitaires, sont capables de résister très longtemps et efficacement à des tentatives de déstabilisation par voie de terrorisme ou de guérilla. Dans les pays communistes, aucune forme de résistance armée n’a jamais pu seulement s’ébaucher. Dans les pays plus ou moins démocratiques, des États comme l’Allemagne, l’Italie, le Pérou, ont pu tenir tête des années durant à la « bande à Baader », aux Brigades rouges, au “Sentier lumineux” et ils ont été plutôt renforcés qu’affaiblis par cette épreuve.

Comparées à ces conflits, les révolutions non-violentes qui ont renversé en quelques mois Marcos aux Philippines en 1986 et Ratsiraka à Madagascar en 19911 , la “révolution de velours” en Tchécoslovaquie, la “révolution orange” en Ukraine, paraissent d’une rapidité foudroyante et ont été incomparablement moins meurtrières. Quant à la résistance non-violente des Polonais beaucoup la voient comme une des causes de l’effondrement du système soviétique.

La prétendue rapidité d’action de la lutte armée et la prétendue lenteur de la non-violence  sont des mythes sans aucun rapport avec la réalité. Il serait temps d’en prendre conscience et de le faire savoir.

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Ces deux tiers de l’humanité qui brutalisent l’autre…

La population mondiale compte 33% d’enfants de moins de 15 ans. Si l’on tient compte du fait que l’enfance dure en fait jusqu’à la majorité et si on fixe celle-ci à dix-huit ans, bien plus d’un tiers de la population mondiale est composé d’enfants.

Or, s’il est un fait dont on ne tient jamais compte parmi les rapports d’oppression, c’est que sur toute la surface de la terre, à l’exception de douze pays, les deux tiers de l’humanité composés d’adultes s’attribuent depuis des millénaires le droit de frapper le tiers restant. D’après les enquêtes les plus sérieuses, 90% des enfants du monde subissent des coups qui vont de la tape et de la gifle à la bastonnade, celle-ci étant le procédé le plus largement employé, et très souvent avec une grande violence.

Cela signifie qu’entre leur naissance et l’âge de dix-huit ans, souvent plus tard encore, tout se passe comme si la quasi totalité de la cohorte des millions d’enfants en marche vers l’âge adulte cheminaient sous une grêle de coups de leurs parents et de leurs maîtres, comme s’ils étaient des animaux ou des esclaves. Quand ils ne la subissent pas, ils ont de bonnes raisons de la craindre car ils la voient subir par leurs frères, leurs sœurs ou leurs camarades les plus proches et ils vivent donc dans la crainte tout au long de leurs années d’enfance.

Et si les parents et les éducateurs frappent ainsi les enfants, ce n’est pas pour leur faire du mal mais pour leur faire du bien ! De telle sorte que l’accession à l’âge adulte est, entre autres choses, l’accession à l’âge où, dans la plupart des cas, on est protégé des coups par la loi et où l’on acquiert d’office le droit de frapper la génération montante, “pour son bien”. De plus, formés de cette manière, les enfants arrivent à leur majorité avec la conviction qu’il est normal de régler les conflits par la violence.

Si nous intégrions ce paramètre à notre vision de l’histoire de l’humanité, nous comprendrions mieux pourquoi les hommes sont capables des pires horreurs, ayant appris sous les coups, dès leur plus jeune âge, qu’il était normal de frapper les êtres les plus faibles et les plus vulnérables.

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Pour une réinterprétation du personnage d’Abraham

Abraham est-il un exemple d’obéissance ou d’objection de conscience ?

« Nous sommes des hommes, des frères »

On a rarement souligné à quel point le personnage biblique d’Abraham, reconnu comme père des croyants par les juifs, les chrétiens et les musulmans, peut être considéré comme une figure emblématique des origines les plus lointaines de la non-violence, ou du moins du refus de la violence. Et cela malgré l’épisode du sacrifice d’Isaac.

Même si l’on fait la part du mythe dans le récit de sa vie, il faut reconnaître que l’auteur de ce récit puis ceux qui l’ont recueilli pour en faire un des grands textes racontant les origines de la religion juive, lui ont donné une signification étonnamment non-violente qu’occultent malheureusement les interprétations courantes que l’on en donne et que ne permet pas de voir une lecture rapide.

Quand on considère les vingt et un épisodes qui constituent ce récit d’après le découpage de la Bible de Jérusalem (Genèse, 12- 25,11), on s’aperçoit que nombre d’entre eux présentent Abraham comme étant à l’origine d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que la poussière de la terre: Abraham est source de vie surabondante.

Mais il est aussi et surtout celui qui protège la vie. Cela apparaît de la façon la plus claire dans l’épisode de la destruction de Sodome et Gomorrhe (Genèse, 18, 16 – 19, 29). Dieu a décidé de détruire ces deux villes à cause des mœurs de leurs habitants, particulièrement abominables à ses yeux et à ceux des Israélites. Dès qu’il apprend ce projet de Dieu, Abraham tente d’intercéder auprès de lui. Or, ce qui est frappant dans cet extraordinaire marchandage, c’est qu’Abraham ne tente pas de sauver les justes, ni même son neveu Lot et sa famille, du milieu des pécheurs, mais de sauver les pécheurs en invoquant les justes: « Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein? (…) Mais peut-être des cinquante justes en manquera-t-il cinq (…) peut-être n’y en aura-t-il que quarante (…) trente, (…) vingt, (…) dix(…) » Mais Dieu, moins miséricordieux qu’Abraham, détruit Sodome et Gomorrhe et ne laisse la vie sauve qu’à Lot et aux siens. Si l’on songe que ceux qu’Abraham essaie de sauver sont ceux-là même qui vont tenter de s’emparer des anges de Yahvé pour les violer, on ne peut qu’être stupéfait et du respect de toute vie que manifeste Abraham et de son indépendance d’esprit par rapport à la morale de son temps qui condamnait sans la moindre indulgence l’homosexualité. Aux yeux d’Abraham, qui semble dépourvu de tout préjugé moral, la vie des abominables habitants de Sodome a exactement autant de valeur que celle de son neveu Lot et de sa famille.

Lorsqu’Abraham arrive, avec son neveu Lot au pays de Canaan (Genèse, 13, 1-13), une dispute éclate entre ses bergers et ceux de son neveu. Immédiatement, afin « qu’il n’y ait pas de dispute » entre lui et son neveu, Abraham laisse son neveu choisir la meilleure terre, celle qu’arrose le Jourdain.

Plus tard, lorsque Sara, sa femme l’oblige à chasser Agar et Ismaël (Genèse, 21, 8-19), Abraham, chagriné mais soumis, se lève tôt le matin, sans doute en cachette de Sara, et donne à Agar et Ismaël, au moment de leur départ, peu de choses, certes, mais du moins le pain et l’eau qui leur permettront de survivre jusqu’au puits le plus proche.

Il faut même reconnaître qu’Abraham pousse le respect de la vie, lorsqu’il s’agit de la sienne, jusqu’à la lâcheté la plus impardonnable. Craignant que Pharaon ne soit séduit par la beauté de Sara et ne veuille, pour cette raison, le tuer pour s’emparer d’elle (Genèse, 12, 10-20), il la fait passer pour sa sœur et laisse Pharaon la prendre pour femme. Et il utilise le même stratagème face à Abimélek, toujours pour sauver sa vie (Genèse, 20, 2-18).

Abraham est certes capable de se battre, mais la seule fois où on le voit faire la guerre, c’est pour sauver son neveu Lot et les siens qui ont été faits prisonniers par des tribus adverses. Et alors que la Bible regorge de récits de massacres, le texte dit simplement ici: « Il les assaillit de nuit, lui et ses gens, il les battit et les poursuivit jusqu’à Hoba, au nord de Damas. » (Genèse, 14, 15).

Ajoutons qu’au moment de sa mort, Abraham, qu’on présente parfois comme un conquérant, ne possède pas le moindre arpent de terre en Canaan et qu’il est obligé de supplier Ephron, le Hittite, de lui donner un coin de terre pour enterrer Sara (Genèse, 23, 1-20).

Or, ce même homme qui ne pense qu’à protéger la vie et pour qui la protection de la vie est plus importante que la morale la plus élémentaire, comme le montrent les épisodes de Sodome, de Pharaon et d’Abimélek, voilà que, lorsque Yahvé lui demande de sacrifier son fils, il obéit sans la moindre hésitation: « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai. » Sur ces paroles, et sans la moindre protestation, Abraham obéit (Genèse, 22, 1-19).

Est-ce vraiment le même homme qui a marchandé avec Dieu pour sauver Sodome? Il est difficile de le croire. Le contraste entre cet épisode et l’ensemble du récit est trop grand. Il invite en fait, presque comme un signal placé dans le texte, à une réinterprétation du sacrifice d’Isaac.
La Bible de Jérusalem fournit ici une précieuse indication. Le pays de Moriiya où Yahvé envoie Abraham n’est autre que Jérusalem. Or la même édition de la Bible nous apprend que dans ce même lieu se trouvait un « brûloir » à enfants (Lévitique, 18, 21) et que le rite des sacrifices d’enfants s’était introduit en Israël.

Si l’on tient compte de cela, l’épisode du sacrifice d’Isaac prend une tout autre dimension et signification. Le premier ordre de Yahvé n’est probablement rien d’autre que celui de la terrible coutume qui contraint les pères à brûler leur premier né. Ce n’est pas un ordre adressé spécialement à Abraham, mais une tradition à laquelle chacun se doit d’obéir. Et le chef du clan peut encore moins qu’un autre s’y soustraire. Abraham accepte donc ou feint d’accepter cette coutume.

Il part avec deux jeunes gens. Mais arrivé à quelque distance du lieu du sacrifice, il ordonne aux jeunes gens de ne pas le suivre. Et de ce qui a suivi, seuls sont censés avoir été témoins Abraham et Isaac. Abraham, dont les épisodes de ses mensonges à Pharaon et à Abimélek montrent que le respect de la vérité n’était pas sa principale qualité, a pu raconter exactement ce qu’il a voulu. Du moins le récit le laisse entendre, car rien ne l’obligeait, s’il avait voulu vraiment sacrifier Isaac, à maintenir à distance ses deux serviteurs.

Rien n’empêche de supposer, si l’on veut que l’épisode du sacrifice d’Isaac ne soit pas en contradiction avec l’ensemble du récit, c’est qu’Abraham, dès le départ, ou bien une fois arrivé sur le lieu du supplice, n’a pas supporté l’idée de sacrifier son fils. L’amour qu’il avait pour lui, qui est probablement le seul et véritable « Ange de Yahvé », le lui interdisait. Il a donc inventé l’intervention de l’ange comme il avait inventé par deux fois que Saraï (puis Sara) était sa sœur et non sa femme. Et il a inventé un rite de substitution : le sacrifice d’un bélier.

Vu de cette façon, le sacrifice d’Isaac se réintègre parfaitement dans la logique du personnage. Il perd son merveilleux, mais il en acquiert un autre: celui du cœur et de la conscience. Abraham contrairement à ce qu’on voit toujours en lui, est moins l’homme de la foi que l’homme de la conscience et du cœur, opposés à la tradition issue de la violence fondatrice.

René Girard, qui ne conteste pas l’interprétation traditionnelle du sacrifice d’Isaac, y voit cependant, et c’est ce qui avait attiré mon attention sur cet épisode, le symbole du moment où l’humanité est passée du sacrifice humain au sacrifice animal. Et l’on peut dire que, dans l’optique de La Violence et le sacré, le Dieu qui contraint Abraham à sacrifier Isaac, c’est, à l’évidence, le Dieu de la violence, celui de la tradition et de presque toutes les cultures anciennes, alors que le Dieu qui lui fait délier Isaac, c’est le Dieu des victimes, celui qui s’exprime au cœur des hommes libérés des lois tribales.

Marie Balmary, dans Le Sacrifice interdit, donne du sacrifice une analyse psychanalytique qui, contrairement au reste de son livre, paraît peu convaincante, mais elle éclaire puissamment, par le reste de son analyse, la signification du récit de la vie d’Abraham. Elle montre en effet que l’ordre reçu par Abraham, au moment de son départ de la Mésopotamie, n’est pas, comme on le traduisait habituellement: « Quitte ton pays… » mais, comme le traduit Chouraki: « Va pour toi… » ou « Va vers toi… » L’épisode d’Abraham est un de ceux (peut-être le premier) où se manifeste l’émergence de la personnalité individuelle par rapport au clan et à la tribu. D’abord lorsque son Dieu intérieur lui ordonne de quitter le pays de ses pères; ensuite lorsqu’il refuse de mettre en pratique la terrible tradition du sacrifice des premiers nés; enfin quand, conscient de la difficulté qu’éprouvent les hommes de se passer de rites, il invente un sacrifice de substitution : le sacrifice des animaux.

Abraham est le protecteur de la vie par excellence, et, pour cette raison, le premier « objecteur de conscience ». La figure d’Abraham s’élève face aux traditions cruelles de sa tribu et de toutes les tribus (puisque le sacrifice humain était une pratique universelle), comme s’élèveront plus tard celle d’Antigone face à l’autorité du prince, celle de Socrate face au pouvoir naissant du démos athénien, et celle du Christ face aux prêtres de sa propre religion.

Si les fidèles des religions abrahamiques, juifs, chrétiens et musulmans, voyaient en Abraham non pas un homme à la foi aveugle et impitoyable, mais un homme à la conscience et au cœur éveillés qui, tranquillement et non sans astuce, dit non à toute violence, qu’elle soit humaine ou divine, peut-être cela ne serait-il pas sans conséquences sur leur comportement individuel et collectif. Peut-être aussi se diraient-ils les uns aux autres, comme Abraham : « Nous sommes des hommes, des frères ».

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Déclarons la paix aux enfants

L’éducation sans violence, condition du développement de la non-violence

Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un adulte
- éducation le fait de frapper un enfant ?
(Slogan anonyme)

Article publié pour la première fois dans la revue bouddhiste Ici et Maintenant (Numéro sur la non-violence)

Les études sur la violence humaine mentionnent très rarement parmi ses causes la violence éducative ordinaire.

80 à 90% des enfants (1) la subissent sur toute la surface de la terre: tapes, gifles et fessées en France et, dans beaucoup de pays, coups de ceinture, bastonnade et autres traitements cruels considérés comme normaux et éducatifs là où ils sont pratiqués.

L’enfant apprend tout par imitation, et surtout par imitation de ce qu’on lui fait subir. Ce qu’on enseigne à un enfant en le frappant, si faiblement que ce soit, c’est à frapper (2). Et la meilleure manière de lui apprendre le respect des autres, notamment des plus faibles, c’est de le respecter.

Or, c’est de la main même de leurs parents que la plupart des enfants font leur première expérience de la violence, et cela dès l’âge de quelques mois ou lors de leurs premiers pas, puis pendant toute la durée de la formation de leur cerveau. Pourquoi s’étonner que devenus adolescents puis adultes, ils recourent eux aussi à la violence comme on leur en a donné l’exemple à leurs propres dépens ? Et pourquoi s’étonner que des peuples entiers aient pu se soumettre à des leaders politiques violents et tyranniques quand on sait qu’ils y ont été dressés dès leur plus jeune âge par la violence de leurs parents?

La relation de l’enfant avec ses parents est souvent le prototype de ce que seront plus tard ses relations avec ses semblables.

Ce que l’enfant est aussi obligé d’apprendre, sous les coups de ses parents, c’est à se durcir pour supporter les coups, de même que la peau s’épaissit en cal sous l’effet du frottement. Se durcir, c’est-à-dire perdre la capacité de s’apitoyer sur soi comme sur les autres. La cruauté et l’indifférence avec laquelle des hommes apparemment civilisés ont été capables de traiter leurs semblables nous horrifie. Mais la manière dont ils ont été traités enfants suffit à expliquer cette cruauté et de cette indifférence. C’est la compassion reçue qui enseigne la compassion à l’égard des autres. L’absence de compassion envers les enfants fait des adultes sans pitié.

Alice Miller (3) a fait remarquer que les pires dictateurs du XXe siècle, Hitler, Staline, Mao, Ceaucescu, Saddam Hussein, Amin Dada, ont tous été des enfants victimes de maltraitance. Et les peuples sur lesquels ils ont pris le pouvoir avaient subi des méthodes éducatives autoritaires et violentes dont ils ont retrouvé l’écho dans la violence des discours de leurs dirigeants. Cette violence étant ressentie comme bénéfique (« C’est pour ton bien que je te fais mal! »), ils y ont adhéré avec enthousiasme. D’autant plus que ces discours leur désignaient des boucs émissaires sur lesquels ils pourraient évacuer la violence qu’ils avaient subie.

Le continent africain est actuellement le théâtre de violences extrêmes : enfants soldats contraints à tuer leurs parents, mutilations, viols, massacres… Or, l’éducation y est particulièrement violente. Une enquête menée en mai 2000 au Cameroun a montré que 90% des enfants subissent la bastonnade à l’école et à la maison. Les résultats ont été à peu près les mêmes au Maroc et au Togo.

Mais un des résultats les plus paradoxaux de la violence éducative, c’est l’aveuglement qu’elle produit aux traitements subis par les enfants. La plupart des gens qui ont été frappés considèrent ces traitements comme tout à fait normaux. Ils minimisent ou ils ne voient littéralement pas ce que subissent les enfants. De même, pendant des millénaires les grandes religions sont restées indifférentes aux violences que les parents infligeaient aux enfants, quand elles ne s’y sont pas activement associées dans leurs écoles, juives, chrétiennes ou coraniques, ainsi que par certains de leurs préceptes, notamment un bon nombre de proverbes bibliques. D’après les renseignements accessibles sur les pays de tradition bouddhiste, le bouddhisme ne semble pas faire exception à la règle. De même, à quelques rares exceptions près, les écrivains de tous les pays, qui ont pourtant décrit avec le plu [...]

Olivier Maurel est auteur de La Fessée, Questions sur la violence éducative (La Plage, 2004)

Pour toute réaction à cet article, écrire à Olivier Maurel 1013C Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet (France).

(1) Ce pourcentage résulte d’un grand nombre de sondages sur plusieurs continents. En France, 85% des parents recourent aux gifles et aux fessées, dont 30% avec une réelle violence (sondage SOFRES 2000).

(2) Il est bon de savoir que chez nos cousins les singes les mères ne frappent ni ne « punissent » jamais leurs petits. La violence éducative est un comportement acquis et aucun comportement inné de l’enfant ne le prépare à être agressé par la ou les personne(s) qui constituent sa base de sécurité.

(3) Auteur, notamment, de C’est pour ton bien (Aubier) et de plusieurs autres ouvrages sur les effets des traumatismes d’enfance sur la vie adulte.

(4) Documents disponibles auprès de l’auteur de cet article (joindre deux timbres pour la réponse) :
- Conseils pratiques pour une éducation sans violence.
- Comment intervenir quand on est témoin d’une scène de violence parent-enfant.
- Suggestions pour créer un atelier de parentalité.
- Manifeste contre la violence éducative (à envoyer au Premier ministre).

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Violence éducative et Eglise catholique

Olivier Maurel, Danielle Claquin, Françoise Reynès.

Ce que vous faites à un de ces petits, c’est à moi que vous le faites (Évangile).

1 – Danielle. Pouvez-vous rappeler brièvement la définition que vous avez donnée de la violence éducative dans la précédente émission ?

La “violence éducative ordinaire”, c’est le niveau de violence qu’une société donnée considère comme normal pour éduquer et faire obéir les enfants. C’est par exemple, en France, la gifle et la fessée. Mais les coups de ceinture et de bâton, sont vus comme de la maltraitance.

Mais le niveau de la violence éducative ordinaire varie selon les pays : en Afrique, par exemple, la bastonnade est considérée comme normale; en Suède et dans les douze pays qui ont interdit toute violence éducative, même la gifle est considérée comme maltraitance.

2 – Françoise. En moyenne, dans le monde, est-ce qu’on est plus près de l’Afrique ou de la Suède ?

Sans aucun doute de l’Afrique. La baisse du niveau de la violence éducative dans la plupart des pays européens fait que nous ne nous rendons pas compte avec quelle violence les enfants sont battus quasi quotidiennement partout ailleurs (comme ils l’étaient en France il y a un siècle et demi ou deux), à quelques exceptions près, à l’école et à la maison. Et il faut avoir cela bien présent à l’esprit pour comprendre la nécessité d’agir contre cette violence.

3 – Danielle. Et vous avez montré aussi la dernière fois que les effets de cette violence sont réellement graves.

Oui, ils agissent sur le corps de l’enfant et sur son esprit.

Un des effets les plus grave des punitions corporelles, c’est qu’elles rendent les enfants violents en leur apprenant à trouver normal de régler les conflits par la violence. Que ce soit par exemple dans la vie familiale et conjugale ou dans la vie politique et sociale. Les régions du monde où l’on frappe le plus les enfants sont aussi celles où la pratique de la violence conjugale est la plus répandue.

S’ils ne deviennent pas violents par eux-mêmes, les enfants sont dressés à se soumettre non pas à la loi, ni à leur conscience, mais à la violence et aux leaders violents, ce qui a évidemment de graves répercussions dans la vie sociale.

Les principaux dictateurs du XXe siècle ont tous été des enfants abominablement battus. Et comme l’éducation violente était la règle dans leur pays, ils n’ont pas eu de mal à trouver des gens prêts à se soumettre à leur violence et à en devenir les agents zélés.

Il y a bien d’autres effets de la violence éducative sur les enfants, mais il nous faut maintenant aborder le sujet d’aujourd’hui.

4 – Françoise. Oui, et ce sujet c’est le rapport que l’Eglise a eu avec la violence éducative. Pourquoi, à votre avis, faut-il se poser cette question ?

La première raison, c’est que malheureusement l’Église, dans ses établissements scolaires a longtemps pratiqué la violence éducative, et souvent de façon extrêmement cruelle.

5 – Françoise. Pouvez-vous en donner des exemples ?

Malheureusement, on peut en citer des quantités.

Tout d’abord, on sait que depuis le haut Moyen-Âge jusqu’à la Révolution, tous les établissements scolaires étaient religieux. Or, sur toutes les gravures, peintures et sculptures représentant les maîtres, l’attribut qu’ils ont toujours en main ou suspendu au-dessus de leur chaire, ce sont les verges, c’est-à-dire une poignée de baguettes dont ils se servaient avec une grande violence. Montaigne a témoigné, au XVIe siècle, avoir vu le sol de sa classe jonché de baguettes ensanglantées.

Mais de tels traitements ne se sont pas arrêtés avec la Révolution. De très nombreux témoignages montrent que la violence éducative a sévi dans beaucoup d’établissements religieux – et pas seulement religieux – jusqu’à nos jours.

Le fils d’un ami m’a dit avoir dû rester à genoux, les bras en croix, une Bible dans chaque main, sous la menace de coups s’il baissait les bras, dans un établissement religieux de Lyon, dans les années 1970.

Aux Maristes de Toulon, dans les années soixante, quand ils étaient près de la Place de la Liberté, un de mes beaux-frères a dû, avec ses camarades, sur l’ordre [...]

Emission sur RCF (Radio chrétienne de Toulon) du 26 mai 2004. Présence mariste. Cette émission, enregistrée à la date indiquée dans le titre a été diffusée, comme les trois autres, au cours des mois d’octobre et novembre sur RCF.

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Comment la communauté juive de Bulgarie fut sauvée du génocide

Un exemple d’action non-violente réussie injustement ignoré.

Le sauvetage des Juifs de Bulgarie par la population de ce pays est presque totalement ignoré. Il montre pourtant que, face à Hitler, une autre attitude que la violence était possible et finalement plus efficace.

La Bulgarie est le seul pays d’Europe où les nazis se soient trouvés dans l’impossibilité de procéder à la déportation des Juifs. Sur les cinquante mille Juifs bulgares, aucun n’a péri en camp de concentration. Le processus de déportation avait pourtant été engagé; mais il a été arrêté définitivement au cours de l’été 1943, c’est-à-dire un an avant l’entrée des troupes soviétiques en Bulgarie.

Si, dans l’état actuel des connaissances, il existe quelques doutes sur le rôle du roi, du gouvernement bulgare et du parti communiste clandestin, il n’en existe aucun sur le fait que la population bulgare a fait obstacle, par des moyens non-violents, à la déportation.

La situation des Juifs de Bulgarie avant 1941

La Bulgarie avait été soumise pendant près de cinq siècles à la domination ottomane. Chrétiens orthodoxes et Juifs s’y trouvaient alors dans une situation semblable, celle de citoyens de seconde zone, les dhimmis. Pendant la guerre qui libéra le pays des occupants turcs, en 1877, les deux communautés, chrétienne et juive, combattirent côte à côte, ce qui fit naître entre elles un sentiment de solidarité rare en Europe.
Cependant, dès le début de 1939, et donc bien avant que la Bulgarie ne devienne une alliée officielle de l’Allemagne nazie, des organisations bulgares pro-nazies, sans doute très minoritaires, organisent des manifestations contre les Juifs et, en septembre, des attaques contre les magasins juifs de Sofia. Selon les autorités communistes au pouvoir en Bulgarie jusqu’en 1990, le Parti Ouvrier Bulgare aurait alors dénoncé ces violences.

En 1940, le gouvernement ayant été confié par le roi Boris III à Bogdane Filov, germanophile convaincu, des mesures officielles commencent à être prises contre les Juifs. Ces mesures, regroupées dans une Loi sur la défense de la nation, déclenchent, entre octobre 1940 et janvier 1941, une série de protestations émanant de tous les milieux. L’Église orthodoxe, les intellectuels, les écrivains, les organisations ouvrières manifestent leur opposition absolue à cette loi qui est cependant votée à la fin du mois de janvier 1941.

La Bulgarie alliée des nazis: premier essai de déportation

Le 1er mars 1941, la Bulgarie adhère au Pacte tripartite et devient ainsi, officiellement, l’alliée de l’Allemagne. Les armées allemandes entrent alors en Bulgarie d’où elles attaquent, en avril, la Grèce et la Yougoslavie. Les armées bulgares ne participent pas à cette agression mais sont ensuite chargées par les Allemands de contribuer à l’occupation de ces deux pays.

La situation des Juifs s’aggrave alors. Nombre d’entre eux sont assignés à résidence et un impôt spécial est créé, permettant à l’État de s’emparer du quart de leurs biens.

En juin et juillet 1942, le gouvernement bulgare reçoit les pleins pouvoirs pour la résolution de la « question juive ». Il crée alors un commissariat spécial aux questions juives qui introduit le couvre-feu obligatoire, des rations alimentaires réduites, le port de l’étoile jaune. Les Juifs ne peuvent plus quitter leur lieu d’habitation ni posséder récepteurs de radio et appareils téléphoniques. Leurs maisons doivent être signalées par un écriteau, certains lieux publics leur sont interdits et leur activité économique est limitée. Et, lorsque le Ministère des Affaires étrangères allemand donne l’ordre de déportation, son homologue bulgare répond: « Le gouvernement bulgare accepte la proposition du gouvernement allemand de procéder à la déportation de tous les Juifs de Bulgarie ».

Mais, au mois de septembre, suite à de nouvelles mesures antijuives, le métropolite [ prélat orthodoxe ] Stéphane de Sofia affirme dans un sermon que Dieu a déjà suffisamment puni les Juifs d’avoir cloué le Christ sur la croix en les condamnant à l’errance et qu’il n’appartient pas aux hommes de les torturer et de les persécuter davantage. A l’intérieur du gouvernement, certains ministres semblent hésiter. Le Ministre de l’Intérieur accepte ainsi, à la consternation des Allemands présents, de recevoir pendant une demi-heure une délégation de Juifs venus lui apporter une pétition. Un  autre refuse de signer un décret prévoyant de nouvelles mesures. Le ministre de la Justice exige que le port de l’étoile ne soit plus obligatoire et qu’on mette fin à toutes les expulsions.

En janvier 1943, Théodore Danecker, qui avait déjà organisé la déportation des Juifs de France, prend en main celle des Juifs bulgares vers « les régions orientales du Reich » (en fait: la Pologne). Mais, craignant une résistance de la population, il décide de procéder par étapes. On commencera par déporter 20.000 Juifs, dont ceux de Grèce et de Yougoslavie, soit 11.343 personnes, auxquels on ajoutera 8600 Juifs bulgares choisis parmi les Juifs « riches et éminents ».

La déportation des Juifs grecs et yougoslaves fut subite et brutale. Conduits à travers la Bulgarie par deux trains jusqu’au port de Lom sur le Danube, ils furent ensuite transbordés sur quatre bateaux bulgares jusqu’à Vienne, via Belgrade et Budapest, puis conduits à Treblinka. Pendant la traversée de la Bulgarie, la population bulgare fit preuve de solidarité envers les déportés, mais le convoi ne put être arrêté.  Mais lorsqu’il s’agit de déporter les 8600 Juifs bulgares prévus, les choses se compliquèrent. Ils devaient être rassemblés de trente quatre villes bulgares et envoyés dans des centres de regroupement à Pirot et à Radomir avant d’être déportés en Pologne.

A Kustendil, ville située à l’ouest du pays et où vivaient 940 Juifs, le début des opérations de regroupement provoqua une vague d’indignation. Des délégations se rendirent à la mairie pour protester contre ces mesures. De nombreux télégrammes puis une délégation composée de personnalités  furent envoyés à Sofia. La protestation prit une telle ampleur que le ministre de l’Intérieur ajourna l’ordre de déportation de Kustendil. Quarante trois députés qui avaient pourtant voté la loi antijuive « sur la défense de la nation » envoyèrent une note au Premier Ministre pur s’opposer à la déportation.

A Plovdiv, 1500 à 1600 Juifs furent arrêtés dans la nuit du 9 au 10 mars. Comme à Kustendil, la population protesta par tous les moyens possibles. Le métropolite de Plovdiv, Cyrille, envoya des télégrammes de protestation au roi et au gouvernement, déclarant qu’il accompagnerait avec la croix les Juifs bulgares jusqu’en Pologne et qu’il renoncerait à sa loyauté envers l’Etat si la déportation n’était pas suspendue. Dès le lendemain, les autorités libéraient les Juifs arrêtés.

A Doupnitsa, le métropolite Stéphane, de Sofia, fut le témoin involontaire des arrestations. Indigné, il envoya un télégramme au roi Boris III: « Ne persécute pas les gens pour ne pas être persécuté à ton tour. Qui sème le vent récolte la tempête. Sache, Boris, que des cieux Dieu voit chacun de tes actes. »

Le 15 avril 1943, les membres du Saint-Synode rencontrèrent Boris III et demandèrent l’arrêt des mesures de déportation. Le roi et le gouvernement cédèrent et la déportation fut provisoirement suspendue.

Belev, le commissaire chargé des questions juives, et le SS Danecker dénoncèrent cette suspension comme une atteinte à l’accord signé avec l’Allemagne. Mais ils ne pouvaient agir de leur propre chef.

 

Deuxième tentative de déportation: mai 1943.

 

Le 17 mai 1943, le commissaire chargé des questions juives propose un nouveau plan de déportation: tous les Juifs devaient être rassemblés à Sofia et dans quelques villes de province, puis transportés sur le Danube jusqu’à Lom et Somovit où les Allemands les prendraient en charge.

 

Le jour fixé pour le départ fut le 24 mai, date d’une fête religieuse bulgare dont les autorités espéraient qu’elle serait peu propice à des protestations.

 

Mais, malgré toutes les précautions prises, la nouvelle fut connue et rapidement diffusée. Et il se produisit alors une chose incroyable en Europe sous l’occupation nazie: une foule vint manifester devant le palais du roi, foule estimée par certains à dix mille personnes, au cri de « Nous voulons que les Juifs restent. »

 

L’attaché de police allemand Hoffmann écrivit dans son rapport à la Gestapo, le 7 juin: « Le 24 mai, un grand nombre de manifestants tentèrent d’aller protester devant le palais du roi. La police les en a empêchés, arrêtant 400 personnes (…) Si la déportation des Juifs en Bulgarie se fait dans d’autres circonstances et pose plus de difficultés que dans d’autres pays subordonnés au Reich, il ne faut pas oublier que le gouvernement bulgare ne peut pas trancher d’un seul coup cette question, mais qu’il doit se prémunir contre les conséquences politiques tant dans le  pays qu’à l’étranger. »

 

Quant à l’ambassadeur allemand à Sofia, Beckerle, il écrivit le même jour à son gouvernement que les Bulgares « ne distinguent pas chez les Juifs des défauts susceptibles de justifier des mesures particulières à leur égard » et « sont particulièrement dépourvus de la compréhension idéologique allemande. »

 

Cette manifestation n’empêcha pas l’assignation à résidence en province des Juifs de Sofia. Mais les protestations se poursuivirent, montrant que l’opinion publique n’était nullement prête à accepter la déportation des Juifs.

 

Troisième tentative de déportation: juin à octobre 1943.

 

Comme on s’en doute, le gouvernement Allemand ne démordait pas pour autant de son plan de « solution finale ».

 

En juin 1943, il envoya à Beckerle l’ordre de faire de nouveau pression sur le gouvernement bulgare. Beckerle  répondit piteusement le 7 juin: « Je vous assure que nous faisons ici tout ce qui est en notre pouvoir pour parvenir de manière satisfaisante à une liquidation définitive de la question juive. Malheureusement, les pressions directes ne donnent strictement aucun résultat. Les Bulgares vivent depuis si longtemps avec des Arméniens, des Grecs, des Tziganes, qu’ils sont tout bonnement incapables de comprendre le problème juif ». Il ajoutait toutefois que l’expulsion de 2000 à 3000 Juifs de Sofia touchait à sa fin, qu’ils étaient logés dans des écoles et qu’ils seraient déportés à la rentrée.

 

Le commissariat aux questions juives, cependant, élabora un troisième projet de déportation, le 1er juillet 1943. Il s’agissait de réunir les Juifs internés dans dix -sept petites villes, à proximité d’une voie ferrée afin de faciliter le transport des Juifs en Europe de l’Est. On continua donc à interner les Juifs des grandes villes du pays dans les écoles des petites villes, à raison de 50 à 60 personnes par salle, dans les conditions qu’on peut imaginer.

 

Mais la déportation ne put avoir lieu car la pression de l’opinion publique était entretenue par la radio et les journaux clandestins.

 

L’ambassadeur allemand dut reconnaître son échec le 18 août 1943: « Pour le moment, il est inutile d’insister pour cette déportation. Il faut tenir compte du désir évident du gouvernement bulgare d’éviter pour l’instant toute sorte de collision politique intérieure découlant de la question juive, tout comme de faire sensation au delà des frontières du pays. Il faut remettre le règlement de la question juive à plus tard, lorsque les succès remportés par l’Allemagne ressortiront au premier plan. »

 

Après la mort du roi Boris III dans des circonstances restées obscures, au retour d’une visite rendue à Hitler, le gouvernement fut remanié et le nouveau ministre de l’Intérieur dut reconnaître: « la question devient toujours plus préoccupante. Ceci est dû au fait que nous n’avons pas réussi à les déporter. Il ne peut plus être question de revenir en arrière… Nous n’allons plus déporter les Juifs. Ils resteront là où ils sont.. »

 

C’est effectivement ce qui se passa. Les Juifs connurent des conditions de vie très dures mais aucun d’eux ne fut déporté.

 

Le 30 août 1944, quelques jours avant l’entrée des troupes soviétiques en Bulgarie, la législation antijuive fut  abrogée.

 

On a quelquefois attribué l’échec de cette déportation aux revers subis par les Allemands sur le front russe et sur le front italien. Mais il suffit d’observer les dates et de comparer avec ce qui s’est passé dans les autres pays pour voir que ces revers n’y sont pour rien.

 

En effet, dans les pays où les déportations ne se sont pas heurtées à une opposition aussi déterminée, les opérations de déportation se sont poursuivies jusqu’aux derniers moments de la guerre. Ainsi, en France, le dernier convoi pour Auschwitz a quitté le camp de Drancy le 31 juillet 1944, soit près de deux mois après le débarquement de Normandie et alors que la situation des troupes allemandes était pratiquement désespérée. En Hongrie où les troupes allemandes n’ont pris en main la déportation des Juifs qu’à partir de mars 1944, ils l’ont poursuivie jusqu’en novembre de la même année, alors que les troupes soviétiques se trouvaient à 160 kilomètres seulement de Budapest.

 

Or, en Bulgarie, les tentatives de déportation ont dû cesser plus d’un an avant que les troupes soviétiques n’entrent en Bulgarie. C’est bien la résistance civile du peuple bulgare, et elle seule, qui a sauvé la communauté juive de ce pays.

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Sources :

  • Hannah Arendt: Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1963.
  • David Benvenisti: Les Juifs de Bulgarie sauvés de l’holocauste, Sofia-Presse, 1988.
  • Raul Hilberg: La Destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988.
  • Léon Poliakov: Bréviaire de la haine, le IIIe Reich et les Juifs, Ed. Complexe, 1979.

 

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Aperçu d’un monde sans violence éducative

Pourquoi appelle-t-on :
- cruauté le fait de frapper un animal
- agression le fait de frapper un adulte
- éducation le fait de frapper un enfant?
(Slogan anonyme)

Cet article a été publié pour la première fois dans le livre de Catherine Dumonteil-Kremer, Elever son enfant…autrement (La Plage, 2003).

Que serait un monde où la violence éducative serait sensiblement réduite, c’est-à-dire où l’on éviterait de frapper les enfants et où on les élèverait avec tendresse et respect tout en les aidant à développer eux-mêmes des liens de bienveillance avec les autres ?

On peut répondre à cette question en s’appuyant sur des faits précis.

Des témoignages d’ethnologues, Margaret Mead et Jean Liedloff notamment, décrivent des sociétés sans écriture où l’éducation des enfants était, à l’époque où elle a pu être observée, particulièrement douce. Ces sociétés sont aussi décrites comme sensiblement plus pacifiques et tolérantes que des sociétés voisines, d’un degré d’évolution semblable, et dont les systèmes d’éducation étaient plus violents.

D’autre part, les études sur l’histoire de la violence montrent que les pays modernes européens qui ont le plus évolué dans le sens d’une plus grande douceur éducative ont une vie sociale et politique bien moins violente qu’au XIXe siècle. La délinquance et la criminalité y sont sensiblement moins fortes. Et les violences que l’on constate encore dans ces pays sont très souvent le fait de catégories de la population où l’éducation est restée beaucoup plus proche de ce qu’était l’éducation ordinaire au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle.

De même, c’est dans les régions de l’Europe où l’éducation est restée la plus traditionnelle, la plus patriarcale et donc la plus violente (Balkans, Corse, Irlande) que l’on constate encore les formes de violence, de criminalité et de terrorisme les plus meurtrières.

Enfin, l’interdiction des châtiments corporels dans les familles votée en Suède en 1979 commence à donner des résultats encourageants. Le docteur Jacqueline Cornet, dans la brochure de l’association Éduquer sans frapper, rapporte ce qui suit :

“Les statistiques du gouvernement suédois attestent qu’aucun enfant n’est plus mort des suites de violence familiale, le nombre de procès pour maltraitance d’enfants a diminué, de même que le nombre d’enfants enlevés à leurs parents suite à une intervention des services sociaux : entre 1982 et 1995, les “mesures obligatoires” administrées chaque année ont diminué de 46% et les “placements en foyer” de 26%.”

De plus “le criminologue F. Estrada, qui étudie les tendances de la délinquance juvénile en Europe depuis la guerre, déclare :

“les études sur les rapports provenant du Danemark (où existe aussi une loi contre la violence éducative) et de la Suède indiquent que les jeunes d’aujourd’hui sont plus disciplinés que (...) le pourcentage de jeunes de 15 à 17 ans condamnés pour vol a diminué de 21% entre 1975 et 1996... le pourcentage de jeunes qui consomment de l’alcool ou qui ont goûté à la drogue a également diminué régulièrement depuis 1971...le pourcentage de suicides chez les jeunes et celui des jeunes condamnés pour viol ont aussi diminué entre 1970 et 1996. Alors que le nombre de délits commis par les jeunes a augmenté dans tous les autres pays d’Europe de l’ouest et d’Europe centrale depuis la guerre”.

A partir de ces quelques faits et de ce que l’on sait des effets négatifs de la violence éducative, il est permis de supputer ce que pourraient être les conséquences plus générales et à plus long terme d’une réduction sensible de cette violence.

Il est vraisemblable que les conséquences subies les adultes qui ont été frappés enfants seraient réduites : moins de maladies physiques et mentales, notamment de dépressions; moins de tendances autodestructrices par l’alcool, la drogue ou le tabac; moins de suicides; moins d’accidents.

De même, les tendances à faire subir aux autres les répercussions de ce que l’on a souffert enfant seraient aussi très vraisemblablement réduites : délinquance et criminalité, violences familiales, viols, agressions de toutes sortes.

A partir des études d’Emmanuel Todd et d’Alice Miller, qui ont tous deux montré que la violence éducative avait des répercussions sociales et politiques, il y a de fortes raisons de supposer qu’un [...]

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Rapport de l’O.M.S.

L’Organisation Mondiale de la Santé dénonce la violence éducative comme source de la violence des adultes

Rapport mondial sur la violence et la santé

Genève novembre 2002

(Extrait Internet : http://www5.who.int/violence_injury_prevention/download.cfm?=0000000591)

Pour beaucoup de décideurs, l’idée que la violence constitue un problème de santé publique est nouvelle et, en fait, assez contraire à leur conviction qu’il s’agit d’un problème de criminalité. C’est tout particulièrement la cas pour les formes moins visibles de la violence, comme les mauvais traitements infligés aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées…

Les décideurs ne sont pas assez nombreux à voir que l’on peut prévenir bien des formes de violence…

On continue de se concentrer sur certaines formes de violence très visibles, notamment la violence chez les jeunes, et de prêter beaucoup moins d’attention à d’autres types de violence, comme la violence perpétrée par les partenaires intimes et les mauvais traitements infligés aux enfants…

Bien des pays hésitent à prendre des mesures qui remettent en question des attitudes et des pratiques courantes… (pages 21 – 22).

Causes de la violence

Influences familiales

Le comportement des parents et le milieu familial jouent un rôle essentiel dans le développement d’un comportement violent chez les jeunes…
des châtiments corporels sévères pour punir des enfants sont des prédicteurs importants de la violence pendant l’adolescence et les premières années de l’âge adulte…

Une agressivité parentale et une discipline sévère à l’âge de 10 ans font nettement augmenter le risque de condamnations ultérieures pour violence et ce, jusqu’à l’âge de 45 ans…

Des châtiments corporels sévères infligés par des parents à l’âge de 8 ans laissent prévoir non seulement des arrestations pour violence jusqu’à l’âge de 30 ans, mais également – pour les garçons – la sévérité des châtiments qu’ils infligent à leurs propres enfants et la violence qu’ils feraient subir à leur épouse… (page 36).

Les châtiments corporels sont dangereux pour les enfants. A court terme, ils tuent des milliers d’enfants par an. Beaucoup d’enfants encore sont blessés et nombreux sont ceux qui en gardent des handicaps. A plus long terme, un grand nombre d’études montrent que cette pratique est un facteur important dans le développement de comportements violents et qu’elle est associée à d’autres problèmes pendant l’enfance et plus tard dans la vie… (page 71).

Conséquences de la violence

Sur la santé de l’enfant

Alcoolisme et toxicomanie, déficience intellectuelle, délinquance, violence et prises de risques, dépression et angoisse, retards de développement, troubles de l’alimentation et du sommeil, sentiment de honte et de culpabilité, hyperactivité, mauvaises relations, mauvais résultats scolaires, piètre estime de soi, trouble de stress post-traumatique, troubles psychosomatiques, comportements suicidaires et automutilation.

À plus long terme

Cancer, affection pulmonaire chronique, fibromyalgie, syndrome du colon irritable, cardiopathie ischémique, maladie du foie…

Fardeau financier

- dépenses liées à l’arrestation et aux poursuites judiciaires engagées contre les délinquants
- coûts pour les organismes sociaux qui examinent les cas de maltraitance qui leur sont signalés et qui protègent les jeunes victimes
- coûts associés aux foyers d’accueil
- coûts pour le système éducatif
- coûts pour le secteur de l’emploi dus à l’absentéisme et à une faible productivité.

Profil des gangs

Entre autres facteurs… qui encouragent les jeunes à rejoindre des gangs figurent… des châtiments corporels sévères ou une victimisation à la maison… (page 37).

Prévention de la violence

Formation au rôle de parent

Il ressort de plusieurs évaluations que la formation au rôle de parent donne de bons résultats et quelle contribue durablement à la réduction des comportements antisociaux…

Il ressort d’une étude sur la rentabilité d’interventions précoces destinées à prévenir des crimes et délits graves en Californie… que la formation des parents d’enfants qui manifestent un comportement agressif prévient environ 157 crimes et délits graves par million de dollars américains dépensés… les auteurs estimaient que la formation au rôle de parent était trois fois plus rentable que la loi dite des “trois fautes” appliquée en Californie et aux termes de laquelle les récidivistes sont sévèrement punis… (page 47).

On estime de plus en plus qu’il peut être bénéfique de former tous les parents et les futurs parents… (page 78).

Visites à domicile

Il est avéré que les programmes de visites à domicile contribuent durablement à la réduction de la violence et de la délinquance. Plus tôt et plus longtemps ils sont offerts dans la vie de l’enfant et plus leurs effets positifs semblent importants… (page 46).

Ce type d’intervention est considéré comme étant un des plus prometteurs en ce qui concerne la prévention d’un certain nombre de conséquences négatives, y compris la violence chez les jeunes et les mauvais traitements infligés aux enfants… (page 78).

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Résilience, maltraitance et violence éducative ordinaire

Beaucoup d’études actuellement, tendent à montrer que, contrairement à ce que l’on croyait, la violence ne se transmet pas automatiquement d’une génération à l’autre. Les enfants martyrs ne deviendraient pas des parents bourreaux. La grande majorité des enfants battus s’en sortiraient finalement bien. Seule une faible proportion des enfants à risques deviendraient délinquants ou maltraitants.

Si c’est vrai, c’est évidemment une bonne nouvelle.

Mais quand on examine d’un peu plus près ces enquêtes, on est obligé de déchanter.

En effet, ce dont on parle dans ces cas-là, c’est de la maltraitance. Or, qu’est-ce que la maltraitance ? C’est le niveau de châtiments corporels qui n’est plus toléré dans une société donnée. En France, par exemple, la bastonnade est une forme de maltraitance. Mais au Cameroun, c’est un moyen éducatif parfaitement admis et pratiqué par 90% des parents. Il est probable qu’au Cameroun, la maltraitance ne commence que lorsque l’enfant a les membres brisés.

Et donc, que veut-on dire quand on déclare qu’il n’y a pas de transmission générationnelle de la maltraitance ? On déclare seulement que ceux qui ont subi des pratiques qui ne sont plus tolérées dans telle ou telle société ne seront qu’un petit nombre à les pratiquer à leur tour. Non tant parce qu’elles ne sont plus tolérées, mais parce que, entre leur enfance et l’âge adulte, ces personnes auront eu l’occasion de rencontrer un bon nombre de gens qui auront été choqués par leur souffrance, leur auront manifesté de la compassion et fait sentir que ces pratiques étaient vraiment intolérables.

De plus, elles auront été, en tant que victimes de mauvais traitements reconnues, suivies par les services sociaux, peut-être enlevées à leur famille, et ne pourront donc ignorer le caractère inacceptable de ce qu’elles ont subi. Enfin, quand on suit à intervalles plus ou moins réguliers des enfants maltraités et qu’on les interroge sur leur comportement, il est évident qu’on leur donne une occasion supplémentaire de réfléchir sur ce qu’elles ont vécu, ce qui ne peut que les aider à ne pas le reproduire.

En revanche, quand il s’agit de violence éducative ordinaire, c’est-à-dire d’un niveau de coups parfaitement admis dans une société donnée, quand, dans un pays, 90% des parents bastonnent ou fessent les enfants, on constate que 90% des parents de la génération suivante bastonnent ou fessent aussi les enfants. Et cela dure depuis des millénaires! Dans ce cas, en effet, les enfants frappés n’ont aucune occasion de se rendre compte qu’ils ont été maltraités. Tout le monde leur dit, et ils se le disent eux-mêmes, qu’ils l’ont bien mérité parce qu’ils ont été désobéissants, insupportables, etc. et qu’il fallait bien les éduquer.

Il est donc un peu léger d’affirmer que la transmission intergénérationnelle est un mythe.

En réalité, la notion de maltraitance est une notion alibi. La maltraitance, c’est le niveau de violence éducative que l’on montre du doigt. Mais on n’établit aucun rapport avec les niveaux inférieurs de violence éducative qui, eux, paraissent tout à fait bénins et sans aucun danger. Tout se passe comme si la mise en lumière de la maltraitance grave rejetait par contraste dans l’ombre la violence éducative tolérée. Ou comme si la maltraitance dénoncée servait de paratonnerre à la maltraitance tolérée, voire préconisée.

Il est très significatif de voir que ce sont des médecins légistes qui, au XIXe siècle, ont commencé à alerter l’opinion publique sur les sévices et les abus sexuels infligés aux enfants : il s’agissait de cas mortels. Mais nul rapport n’était établi avec la violence éducative tolérée de cette époque qui, aujourd’hui, nous apparaîtrait comme maltraitance caractérisée. La littérature a ensuite commencé à dénoncer la maltraitance imposée aux enfants en général par des parents adoptifs ou des belles mères.

Un pas décisif a été franchi par Jules Vallès qui, dans un texte à caractère autobiographique à peine dissimulé, L’Enfant (1879), montrait pour la première fois une mère, sa propre mère, le battant tous les jours, et son père parfois. Mais Jules Vallès est resté longtemps à peu près inconnu.

Aujourd’hui encore, la plupart des associations de défense des droits de l’enfant s’occupent de la maltraitance mais ne mènent aucune action contre la violence éducative ordinaire.

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Manifeste contre la violence “éducative”.

La France a signé et ratifié le 7 août 1990 la Convention des droits de l’enfant. L’article 19 de cette Convention stipule que les États signataires “prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales”.

Or, en France, d’après un sondage SOFRES de janvier 1999, 80% des parents donnent à leurs enfants gifles et fessées quand ce ne sont pas des coups de martinet ou de ceinture. Presque tout le monde trouve cela normal, inoffensif et même nécessaire. Et les services sociaux et la Justice n’interviennent que dans les cas extrêmes.

Pourquoi est-il permis de frapper un enfant alors qu’il est interdit de frapper un homme adulte, une femme, une personne âgée et, en prison, le pire des criminels ? Nos lois ne permettraient-elles d’agresser que les plus faibles ?

Les enfants ont le droit d’être élevés sans violence, ce qui ne signifie pas sans fermeté.

De multiples études dont un rapport récent de l’OMS (novembre 2002) ont montré que difficultés scolaires, délinquance, violence, dépression, alcoolisme, abus de drogues, maladies diverses et même accidents ont très souvent pour origine des violences, même modérées, subies dans l’enfance. Maintenant que nous le savons, nous n’avons plus l’excuse de l’ignorance qu’avaient nos parents.

Pourquoi s’étonner que certains jeunes recourent à la violence quand le premier exemple de violence leur a en général été donné par leurs propres parents les frappant sur les joues, le crâne, le dos ou les fesses ? L’enfant frappé apprend à frapper les autres. L’enfant respecté apprend à respecter les autres. Le rôle des parents est-il d’enseigner la violence ou le respect ?

Les parents qui frappent leurs enfants pour les éduquer le font parce qu’ils ont été frappés eux-mêmes et ignorent les conséquences de leurs coups. Seule une interdiction sans ambiguïté, comme celle qui, en France, interdit les coups à l’école depuis le XIXe siècle, peut mettre fin à ce cycle. La France, comme déjà onze pays, dont neuf européens, doit voter une loi spécifique interdisant toute violence, y compris fessées, gifles, tapes, etc. Cette loi doit être assortie non pas de sanctions judiciaires mais d’une large information apportée aux parents ainsi qu’aux futurs parents sur les effets des coups et les moyens d’élever les enfants sans violence, exactement comme il est demandé aux automobilistes d’être familiers avec le code de la route.

Les signataires de ce manifeste demandent au gouvernement et à leurs députés de mettre la législation française en harmonie avec la Convention des Droits de l’Enfant, comme le demande le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU, et de voter une loi spécifique qui interdise vraiment toute forme de violence à l’égard des enfants. Le texte de cette loi pourrait être semblable à celui de la loi danoise : “L’enfant a droit au soin et à la sécurité. Il faut agir de manière respectueuse vis-à-vis de l’enfant et ne pas lui infliger de punition corporelle ou autre traitement humiliant.”

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J’approuve le manifeste ci-dessus. Je vous demande de faire rapidement tout ce qui est en votre pouvoir pour harmoniser notre législation avec la Convention des Droits de l’Enfant.

Nom et prénom :
Adresse :
Signature :

Adresser ce manifeste :

- au Premier ministre (Hôtel Matignon, rue de Varenne, 75007 Paris)
- à votre député (Assemblée Nationale, Palais Bourbon 75007 Paris)
- aux journaux que vous lisez et aux associations dont vous faites partie
- à tous vos parents, amis et connaissances (dans ce cas, ne pas le signer)

Vous pouvez diffuser ce manifeste par e-mail, ou comme une pétition ou un tract, par exemple à la sortie des écoles. Il est lancé par de simples particuliers qui seront heureux de voir les rejoindre autorités religieuses, associations et partis.

Pour complément d’information, notamment sur les dangers des coups et l’éducation sans violence, ou pour faire part de votre participation à la diffusion de ce manifeste, écrire à O. Maurel, Chemin de la Cibonne 83220 Le Pradet ou par courrier électronique (cf page contact).

Traitons les enfants comme nous voudrions qu’ils nous traitent.