Olivier Maurel

Écrivain militant – Non à la violence éducative !

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Graines de non-violence – Violence conjugale

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Violence conjugale

La Délégation aux victimes du Ministère de l’Intérieur a publié une étude sur les décès au sein du couple.
Elle montre que 166 femmes et 26 hommes ont été tués en 2007 par leur compagnon ou compagne. Donc, en moyenne une femme tous les deux jours et demi et un homme tous les quatorze jours. Mais, la moitié des hommes tués par leur compagne, lui faisaient subir des violences.
Sur le site santé du gouvernement français, on peut aussi trouver une analyse des causes de la violence sur les femmes.
On y apprend que les hommes les plus enclins à la violence sont

  • les hommes autoritaires, volontiers psychorigides, ou encore des hommes impulsifs capables d’actes agressifs irrationnels, ou encore des hommes à la personnalité perturbée ayant peu d’estime d’eux-mêmes
  • les hommes victimes de violences ou d’abus sexuels dans leur enfance qui reproduisent à l’âge adulte ce qu’ils ont subi
  • les psychopathes, paranoïaques et autres pervers (je préfèrerais qu’on dise : pervertis) qui représenteraient 15 à 25 % des hommes violents
  • les migrants qui arrivent de pays où les femmes ont un statut d’infériorité
  • et enfin les alcooliques.

Si l’on tient compte du fait que la psychorigidité, l’impulsivité, le manque d’estime de soi, les perversions de toutes sortes et l’alcoolisme ont souvent pour cause lointaine une éducation violente ou gravement carencée, et que les pays où le statut des femmes est très infériorisé sont les mêmes où l’éducation est très autoritaire, on voit quelle peut être la part de l’éducation dans la violence conjugale.

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Graines de non-violence – George Fox et les Quakers

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George Fox et les Quakers

Je m’en veux de n’avoir, depuis qu’existe cette chronique sur RCF, jamais parlé de façon approfondie des Quakers.
Car s’il existe des chrétiens non-violents, et depuis longtemps, ce sont bien eux. Je vais donc leur consacrer plusieurs chroniques, car, vous allez le voir, ils le méritent.
Le mouvement des Quakers, ou Société religieuse des amis, est né au XVIIe siècle en Angleterre. Son fondateur est George Fox qui cherchait à se rapprocher de la simplicité du christianisme primitif en rejetant tout clergé. N’importe quelle personne, y compris une femme, peut être guidée par le Saint-Esprit et a le droit de guider les fidèles. On va voir que les quakers ont été les premiers féministes chrétiens.
Le culte peut se célébrer partout, notamment dans la nature, et pas seulement dans les églises.
Fox commence à exercer son ministère en 1648 et il rassemble autour de lui un groupe de chrétiens insatisfaits eux aussi par le puritanisme anglican, groupe qui s’intitule vers 1650 Société religieuse des Amis. Ce mouvement est vite persécuté et Fox et ses amis sont souvent chassés à coups de bâton.
Très tôt Fox s’intéresse également à la justice sociale, ce qui sera une autre caractéristique des Quakers.
Emprisonné en 1650, Fox refuse de prendre les armes contre le retour de la monarchie, et il approfondit cette attitude en refusant radicalement tout recours aux armes par fidélité à l’Evangile. Pour la même raison, il refuse de prêter serment.
À plusieurs reprises, Fox dialogua d’égal à égal avec Cromwell et faillit le convertir au quakerisme.
La suite, bientôt.

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Graines de non-violence – Voltaire, les anabaptistes et les Quakers

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Voltaire, les anabaptistes et les Quakers

Voltaire qui, vous le savez sans doute, n’avait pas pour les Eglises une sympathie débordante, a cependant été intéressé par les représentants de deux tendances protestantes : les anabaptistes et les Quakers.
Un des personnages les plus généreux de son conte Candide est un anabaptiste hollandais charitable, généreux, qui vient au secours de Candide, lui propose du travail, et meurt en s’efforçant de sauver un marin sur le point de se noyer.
Et dans ses Lettres philosophiques, Voltaire consacre plusieurs lettres  aux Quakers qu’il avait eu l’occasion d’observer en Angleterre. Certes, il ne peut s’empêcher de se moquer de l’agitation mystique que manifestent parfois les membres de cette “société des amis”, c’est ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes, agitation qui leur a valu le nom de quakers, trembleurs. Mais il admire cette religion sans prêtre, sans hiérarchie dont le seul principe est l’amour du prochain.
Mais pour Voltaire qui avait horreur de la guerre, ces deux branches du christianisme, dont la seconde n’avait, à l’époque de Voltaire, qu’un siècle d’existence, avaient aussi le mérite d’être non-violentes. Leurs membres ont toujours refusé de faire quelque service militaire que ce soit, pour ne pas être conduits à tuer et à désobéir au principe de l’amour du prochain. Et non contents de refuser la guerre, ils ont toujours fait leur possible pour en atténuer les conséquences et même pour s’entremettre de façon à les faire cesser.
Mais l’histoire des Quakers est si passionnante que j’en reparlerai.

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Graines de non-violence – Jutta Gallus

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Jutta Gallus

Connaissez-vous l’histoire de Jutta Gallus, qui, en 1982, a été emprisonnée pour avoir tenté de s’évader d’Allemagne de l’Est dont elle ne supportait plus le régime totalitaire. Après deux ans de prison, elle a été expulsée vers l’Ouest, mais sans ses deux filles âgées de 9 et 11 ans qui ont été retenues par la police.
Mais Jutta Gallus ne s’est pas résignée à cette séparation et, pendant 4 ans, elle n’a pas cessé d’agir pour retrouver ses filles.
Constatant la lenteur et l’inefficacité des démarches des organisations de défense des droits de l’homme et du gouvernement allemand, Jutta Gallus a décidé de passer à l’action directe. Portant au cou une pancarte sur laquelle elle a écrit en grands caractères : “Rendez-moi mes enfants”, elle est allée se poster à Check Point Charlie, le point de passage entre les deux Allemagnes, à Berlin, que venaient visiter de nombreux touristes. On a d’abord voulu la chasser, mais elle a tenu bon, prétextant qu’elle ne faisait aucun mal et qu’elle ne gênait personne. Elle a fait signer des pétitions, distribué des tracts. Les journaux ont parlé d’elle.
Quand les négociations d’Helsinki entre l’Est et l’Ouest ont commencé, elle est allée s’enchaîner en face du bâtiment où se tenaient les négociateurs. Elle a reçu de multiples menaces. Elle a failli être assassinée par des agents de l’Est venus sur place. Mais rien n’a pu vaincre sa détermination.
Et, en 1988, elle a enfin obtenu, seule et uniquement par des moyens non-violents, que ses filles soient libérées. Son histoire a été publiée sous le titre Un mur entre nos vies, chez Michel Lafon.

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Graines de non-violence – Un autre bâtisseur d’écoles

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Un autre bâtisseur d’écoles

J’ai parlé dans ma dernière chronique de Greg Mortenson, bâtisseur d’écoles en Afghanistan et au Pakistan. Je voudrais parler aujourd’hui d’un autre constructeur d’écoles, moins méritoire, moins exceptionnel. Mais comme le disait Victor Hugo, “Ouvrir une école, c’est fermer une prison”, et ce n’est donc pas sans rapport avec la non-violence.
C’était un architecte qui a exercé son métier d’abord dans la vallée du Var pour la construction du “train des pignes”, puis à Hyères, puis à Toulon à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe. Si vous êtes hyérois ou toulonnais, vous avez très probablement vu et peut-être passé une partie de votre enfance dans une des écoles qu’il a construites, parce que presque toutes les écoles de Toulon construites à cette époque ont été bâties par lui. Et il a cherché à les faire les plus belles possible, dans la mesure des moyens qu’on mettait à sa disposition. Deux des plus belles sont l’école des Trois quartiers, à la Loubière, et l’école Anatole France, à Hyères, avec son incroyable préau qui ressemble à une nef de cathédrale.
Cet architecte était un catholique pratiquant qui, à la fin de chaque mois, donnait 10% de son salaire aux pauvres. Mais, à une époque où les relations entre l’Eglise et l’Etat étaient très mauvaises, il n’hésitait pas à collaborer avec le très laïque et socialiste maire de Toulon, Marius Escartefigue, pour bâtir des édifices au bénéfice des enfants et à en faire des “temples du savoir”, à quoi ressemble effectivement l’école Anatole France d’Hyères.
Cet architecte, il s’appelait Charles Maurel, et c’était mon grand-père.

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Graines de non-violence – Greg Mortenson

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Greg Mortenson

Connaissez-vous Greg Mortenson ? C’est un ancien alpiniste américain qui s’est reconverti dans l’action humanitaire pour la paix au Pakistan et en Afghanistan. Alors que les soldats américains arpentent l’Afghanistan dans ces tenues d’extraterrestres ou de robots que nous voyons presque tous les soirs à la télé, lui arpente le même pays, mais désarmé.
Pourtant la mission qu’il s’est donnée est loin d’être sans danger. Il a déjà été l’objet de deux fatwas (ou condamnations à mort par les autorités musulmanes locales). Il a été pris huit jours en otage. Il a aussi été interrogé deux fois par la CIA.
Que fait-il donc de si subversif ? Il se contente de construire des écoles, surtout pour les filles. En quelques années, il en a construit 91 au Pakistan et 40 en Afghanistan. Les construire lui-même ? Non. Il réunit les conditions pour que la construction devienne possible. Et ensuite, il insiste pour que les villages eux-mêmes fournissent la main-d’oeuvre. Ce qu’ils font.
Inutile de dire qu’il n’est pas du tout favorable à l’envoi de renforts militaires décidé par Barack Obama : “Plus de troupes, dit-il, c’est plus de conflit et plus de violence”. Et il reproche aux autorités américaines de ne pas avoir demandé leur avis aux autorités locales du pays, c’est-à-dire non pas au gouvernement afghan, mais aux assemblées locales, les Shuras, qui sont beaucoup plus représentatives et qui réclament non pas des soldats mais des coopérants spécialisés.
Si vous souhaitez en savoir plus sur Greg Mortenson, lisez son livre : Trois tasses de thé, qui a paru chez Glénat.

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Graines de non-violence – L’écoute

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L’écoute

Savez-vous pourquoi nous avons deux oreilles et une seule langue ? Et bien, le Talmud nous l’apprend : Si nous avons deux oreilles et une seule langue, c’est pour nous apprendre à écouter deux fois plus que nous ne parlons. L’écoute est la clef de toute relation humaine authentique. C’est ce qui permet une véritable communication.
J’ai trouvé par hasard sur Internet ces propos sur l’écoute d’une nommée Brenda Ueland, auteur, avant la Deuxième Guerre mondiale, d’un livre sur l’art d’écrire :

« L’écoute est une force étrange, magnétique, créative. Quand nous sommes écoutés, cette écoute nous crée, nous déploie, nous enrichit. Nous sentons les idées se former et prendre vie en nous. Lorsque nous écoutons les autres, un courant alternatif passe, qui nous recharge, de sorte que nous ne nous fatiguons jamais l’un de l’autre…, et c’est comme si une fontaine jaillissait de nous, qui lance des idées, fait éclater un rire inattendu, et la sagesse en sourd. C’est lorsque nous sommes vraiment écoutés avec une attention tranquille et fascinée, que cette  petite fontaine se remet en marche et s’élance de la façon la plus surprenante”.

Il y a là, il me semble, une grande vérité.
Mais quel rapport avec la non-violence, penserez-vous peut-être ? Quel rapport ? C’est une femme quaker activiste en faveur de la paix entre juifs et palestiniens, Gene Knudsen-Hoffman, qui nous l’indique en répondant à la question : Qu’est-ce qu’un ennemi ? : “Un ennemi est une personne dont nous n’avons pas écouté l’histoire”.

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Graines de non-violence – Sagesse et violence éducative

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Sagesse et violence éducative

Il est étonnant de voir à quel point l’éducation a été étroitement associée à la violence dans le vocabulaire. En témoignent des langues aussi différentes les unes des autres que l’égyptien de l’époque des pharaons, l’hébreu, le wolof africain et le français.
Dans la littérature égyptienne existe un genre littéraire, celui des sagesses. Il s’agit en fait de recueils d’instructions et de proverbes, des sortes de manuels de savoir-vivre. Or, le mot égyptien qui désigne ce genre : “sebayt”, sagesse, signifie aussi châtiment. Ce n’est pas un hasard : un proverbe égyptien disait que les oreilles de l’enfant étaient dans son dos, là où il fallait frapper.
En hébreu, le mot musar signifie à la fois instruction et correction, châtiment. Et la sagesse que les proverbes bibliques enseignent consiste essentiellement à se plier aux admonestations et corrections des anciens.
En langue wolof, langue parlée dans l’Ouest africain, éducation se dit “yar”, c’est-à-dire “fouet”.
Et en français, le mot “discipline” désigne à la fois les matières enseignées : mathématiques, français, musique ; l’ordre que le maître impose à ses élèves : dans une classe, il faut de la discipline ; et, en français ancien l’instrument qui servait aux flagellations.
Le même rapport doit se trouver dans bien d’autres langues.
Rien ne montre mieux, je crois que ce rapprochement intime entre éducation et châtiments corporels, le dressage de l’humanité, depuis ses origines, par la violence. Il est bien étrange qu’aucun grand philosophe ni aucun penseur religieux n’ait pris en compte ce dressage universel à la violence et à la soumission pour expliquer la violence humaine.

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Graines de non-violence – Shirley Carol Strum (4)

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Shirley Carol Strum (4)

Le livre de Shirley Carol Strum : Voyage chez les babouins, nous fait voir les babouins comme une société où l’agressivité est mesurée, où existent aussi des processus de réconciliation, notamment à travers le toilettage, et où les relations entre individus sont très loin de ne se régler que par des rapports de force.
Cette vision de la société de nos cousins primates s’oppose à l’idée si fréquemment exprimée que nous autres primates serions des bêtes féroces dont les instincts déchaînés produiraient les violences et les guerres auxquelles nous assistons tous les soirs à la télévision.
Il est très probable que ces guerres ne prennent pas leur source dans l’animal que nous portons en nous. Notre cerveau animal sait, si l’on peut dire, qu’en tant qu’animaux sociaux, nous ne pouvons pas survivre sans les autres, qu’établir des liens avec les autres est vital pour notre propre conservation. Aucun instinct ne nous pousse à détruire les autres.
Malheureusement la croyance à la méchanceté de notre nature animale nous a amenés, depuis des millénaires, à vouloir la corriger dès le plus jeune âge. Ce faisant, on a altéré la nature sociale des enfants, on a réduit leur capacité d’empathie et d’attachement. On leur a donné l’exemple de la violence. On leur a appris à obéir aux règles du groupe social auquel ils appartenaient, mais cela au détriment du respect dû à toute personne humaine. On leur a souvent désigné comme ennemies les personnes étrangères à leur groupe, déchaînant ainsi d’interminables enchaînements de violences.
Et si, pour changer un peu, nous nous remettions à l’école des babouins de Shirley Carol Strum ?

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Graines de non-violence – Shirley Carol Strum (3)

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Shirley Carol Strum (3)

Je parlais dans ma dernière chronique de la primatologue Shirley Carol Strum qui, dans son livre Voyage chez les babouins, montre que chez les babouins, l’agressivité est relativement rare, qu’elle est modérée par la maîtrise de soi acquise dans les jeux et qu’elle est plutôt le fait des nouveau venus dans la troupe qui doivent tester leurs nouveaux compagnons.
Shirley Strum combat un autre préjugé, celui de la domination exclusive des mâles sur les femelles. D’après elle, ”les mâles sont loin d’être la force vive des groupes. Ils sont supérieurs à toutes les femelles et à tous les jeunes par la taille et la force, mais leur sphère d’influence est beaucoup plus limitée qu’on ne croit (…) Dans certaines situations, les mâles s‘en remettent aux femelles, dans d’autres, ils prennent le commandement.
D’après elle, “le vrai pouvoir appartient à ceux qui, par leur sociabilité se sont fait de nombreux alliés plutôt qu’à ceux qui ont recours à la force brute”. Quant aux femelles agressées, elles n’ont qu’à crier assez fort et des renforts arrivent pour les soutenir” “Le système familial est solidaire et efficace”.
Shirley Strum a même observé que quand se produit un combat entre mâles pour la possession des femelles, c’est le vaincu, apparemment, qu’elles traitent le mieux. Il jouit des attentions des femelles réceptives, on lui cède les aliments les plus appréciés, on le toilette souvent.”
Shirley Strum conclut de cette observation de nos cousins primates que “rien ne prouve que l’agression, la supériorité des mâles et leur mainmise sur le pouvoir politique soient caractéristiques du mode de vie des premiers humains.”