Article paru dans la revue espagnole Anthropos en janvier 2007
Le respect évangélique des enfants, ou la clé perdue du Royaume
Une voie hors du mimétisme de la violence et vers l’autonomie
La théorie du mimétisme laisse-t-elle une place à l’autonomie?
Il arrive à René Girard de l’affirmer : “L’homme n’est pas pieds et poings liés abandonné au désir mimétique. Parler de liberté, c’est évoquer la possibilité qu’a l’homme de résister au mécanisme mimétique”¹.
Plus précisément, quand Michel Treguer lui demande s’il n’y a pas de moi autonome, René Girard répond : ”Je ne dis pas qu’il n’y a pas de moi autonome. Je dis que les possibilités de moi autonome, d’une certaine manière, sont presque toujours recouvertes par le désir mimétique”².
Sauf erreur, René Girard ne précise nulle part ce “presque toujours”. Existe-t-il des conditions, et lesquelles, pour que les possibilités d’autonomie ne soient pas “recouvertes par le désir mimétique”?
Sauf erreur également, la seule réponse que donne René Girard à cette question me semble être ce qu’il écrit dans La Voix méconnue du réel : “L’imitation en soi n’est pas mauvaise, puisque Jésus la recommande. Elle ne nous induira jamais en tentation tant que nous imitons Jésus qui, à son tour, imite Dieu dans un esprit d’obéissance enfantine et innocente”³.
N’existe-t-il vraiment aucune autre voie que l’imitation de Jésus pour sortir du mimétisme et atteindre à l’autonomie? L’autonomie ne serait-elle accessible qu’aux seuls chrétiens? Même si l’on répond de façon positive à cette question, et si l’on pense, comme René Girard, que c’est finalement l’influence du christianisme, et donc, d’une certaine façon, l’imitation de Jésus, qui a modelé notre monde pour le meilleur et pour le pire, encore faudrait-il préciser comment l’imitation de Jésus peut nous mener à l’autonomie. Car le moins que l’on puisse dire est que l’imitation de Jésus, telle que l’ont pratiquée les Églises chrétiennes et les chrétiens au cours de leur histoire, est très loin de les avoir menés infailliblement à l’autonomie, à la paix et à la non-violence.
Les recherches de deux auteurs, partis tous deux de points de vue différents, et assez éloignés aussi de celui de René Girard, apportent pourtant des réponses qui permettent de préciser en quoi consiste exactement l’autonomie et quelles sont les conditions qui permettent de l’atteindre et de la promouvoir. En cette période de l’histoire de l’humanité où sa survie même est menacée, il me semble que si ces auteurs nous indiquent les moyens de quitter “la grande autoroute de la crise mimétique⁴ ”, ils méritent d’être écoutés.
Michel Terestchenko et la “banalité du bien”
Le premier de ces auteurs est un philosophe, Michel Terestchenko. Dans un ouvrage intitulé Un si fragile vernis d’humanité, Banalité du mal, banalité du bien⁵ , et publié à l’automne 2005, il remet en question les philosophies qui affirment que l’homme est fondamentalement égoïste et que tout son comportement, y compris ses actions qui peuvent passer pour altruistes, s’avèrent à l’analyse dictés par l’amour-propre ou l’intérêt personnel. A cette vision pessimiste de l’homme, que l’on peut faire remonter à saint Augustin et à la doctrine du péché originel, Michel Terestchenko oppose non pas un quelconque rousseauisme, mais des faits bien établis : le comportement d’un grand nombre d’hommes et de femmes qui ont su se conduire de façon totalement altruiste et autonome.
De plus, il appuie son analyse sur une enquête rigoureuse qui porte sur plusieurs centaines de ces hommes et de ces femmes : ceux et celles qui, pendant les persécutions nazies ont sauvé des milliers de juifs de la déportation et auxquels l’institut israélien Yad Vashem a conféré le titre de “Justes parmi les nations”. Plus de quatre cents de ces “sauveteurs” (c’est le terme consacré) ont participé à cette enquête. Ses auteurs, Samuel et Pearl Oliner, ont essayé de cerner la “personnalité altruiste”, sa formation et ses motivations⁶.
Concernant le mimétisme, leur réponse est particulièrement intéressante car l’action menée par ces sauveteurs demandait une très grande capacité d’autonomie et de résistance à la pression collective environnante. La plupart d’entre eux ont agi seuls, volontairement, au péril de leur propre vie, poussés par leur compassion, souvent en opposition avec un environnement antisémite, et dans des conditions de clandestinité qui ne pouvaient leur faire espérer aucune reconnaissance. Et les personnes dont ils ont eu à s’occuper étaient très souvent pour eux des étrangers, d’une culture et d’une religion différente de la leur, des personnes mises au banc de la société et officiellement dénoncées comme des sous-hommes. Autrement dit, pour les secourir, non seulement ils ne pouvaient faire appel au simple altruisme qui nous pousse à secourir nos proches, mais il leur fallait aussi échapper à tout mimétisme.
Or, le résultat capital de cette enquête mis en valeur par Michel Terestchenko, c’est, dans l’enfance de presque tous ces sauveteurs :
- l’affection qui les liait à leurs parents,
- la nature non répressive et non autoritaire de l’éducation qu’ils avaient reçue,
- les valeurs altruistes qui leur avaient été transmises.
Toujours d’après Michel Terestchenko, c’est cette éducation qui aurait permis chez eux “l’émergence d’une personnalité libre et autonome, capable de faire des choix qui ne sont dictés ni par les normes sociales en vigueur ni par le besoin d’obtenir l’approbation d’autrui, capable également d’agir avec endurance et courage sans voir dans l’éventualité de l’échec (voire de sa propre mort) un obstacle dirimant⁷”.
Autrement dit, ces “Justes” n’étaient pas des héros exceptionnels ou des saints, mais simplement des hommes et des femmes ordinaires qui, dans leur enfance, avaient pu s’épanouir librement dans l’affection, accompagnés par des adultes qui leur donnaient, par leur vie, l’exemple de l’altruisme. D’où la seconde partie du sous-titre de l’ouvrage de Michel Terestchenko : “banalité du bien”.
Et Michel Terestchenko en arrive, dans sa conclusion, à définir la personnalité altruiste par une caractéristique essentielle : la présence à soi. Il montre en effet que ces sauveteurs ne se sont pas contentés d’éprouver de la compassion pour les victimes qu’ils avaient en face d’eux, mais qu’ils ont dû et pu faire appel à toutes leurs capacités : esprit de décision, courage, intelligence, indifférence à l’égard de l’opinion dominante, imagination. Quand on les a interrogés sur ce qui les avait poussés à agir, ils ont presque tous dit que c’était “tout naturel”, que “ça allait de soi” qu’il fallait agir, qu’ils ne pouvaient pas “faire autrement”. La plupart aussi ont pris leur décision en quelques minutes et sans consulter personne.
On voit à quel point ce comportement, s’il obéit au mimétisme d’apprentissage, puisque les valeurs de l’aide ont été apprises dans l’enfance par l’exemple des parents et des éducateurs, échappe au mimétisme de la violence et également au mimétisme de la passivité.
Car dans un autre chapitre de son livre, Michel Terestchenko expose les étonnantes expériences sur la “psychologie de la passivité humaine”, relatées en 1970 par Bibb Latané et John Darley⁸, expériences très instructives qui ont montré que la capacité des hommes à intervenir en faveur d’un de leurs semblables en danger décroît très fortement quand, au lieu d’être seuls, ils se trouvent en compagnie d’autres personnes. Dans ce cas, il se produit une véritable inhibition du comportement altruiste, inhibition dans laquelle le mimétisme est certainement pour beaucoup.
Michel Terestchenko cite également les expériences mieux connues de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité⁹ , et celle de la “prison de Stanford” imaginée en 1971 par Philip Zimbardo¹⁰ .
Ces expériences ont en commun de montrer notre extrême dépendance par rapport à une autorité, à une institution (la prison), ou simplement à la présence d’un ou plusieurs de nos semblables. Elles font ainsi d’autant mieux ressortir l’extrême capacité d’autonomie que peut exiger un comportement altruiste individuel en situation de danger, dans un environnement idéologique hostile.
Mais comment s’explique que seule une infime minorité d’hommes et de femmes soient capables d’un tel comportement et que la majorité des hommes collaborent aux persécutions, y sont indifférents, ou encore se contentent d’une compassion passive ?
Pour répondre à cette question, il faut faire appel aux travaux d’une autre chercheuse qui, depuis près de trente ans travaille sur les effets des traumatismes d’enfance sur le comportement individuel et collectif des adultes. Ce qui justifie particulièrement le choix de cette explication, c’est que, sur les trois caractéristiques communes de l’éducation des “justes”, deux d’entre elles sont en général assez bien partagées : la plupart des parents manifestent de l’affection à leurs enfants et, dans des pays majoritairement chrétiens, les valeurs de l’altruisme sont en général, sinon pratiquées, du moins largement proclamées. La caractéristique qui se rencontrait beaucoup plus rarement, à l’époque où les contemporains du nazisme ont été enfants, est certainement l’aspect non autoritaire de l’éducation. Or, ce que montrent les travaux de la chercheuse dont il va être question, c’est que la violence dans l’éducation altère gravement la capacité d’autonomie.
L’apport d’Alice Miller
A travers une dizaine d’ouvrages¹¹ traduits en un grand nombre de langues, Alice Miller a étudié l’effet destructeur sur la personnalité des traumatismes d’enfance.
Mais, quand on pense traumatismes d’enfance, on pense souvent maltraitance caractérisée et abus sexuels, malheurs qui ne touchent qu’une minorité d’enfants.
Or, ce qu’Alice Miller a mis en valeur ce sont non seulement les effets destructeurs connus de la maltraitance, mais ceux de la méthode d’éducation la plus couramment utilisée partout dans le monde, et cela depuis les premières civilisations dotées d’une écriture : la violence éducative ordinaire. Cette méthode d’éducation consiste, dans les quelques pays où son intensité a baissé, en tapes, gifles et fessées et, dans la majorité des autres, en coups de bâton et autres formes de violence souvent proches de la torture mais considérées comme éducatives.
A ce titre, cette forme de violence est souvent recommandée : plusieurs proverbes bibliques, on le verra plus loin, la conseillent de façon très impérative, et on trouve des proverbes de ce genre dans toutes les civilisations. Aujourd’hui encore, non seulement des lieux communs comme “une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne” mais aussi des spécialistes de l’enfance n’hésitent pas à conseiller gifles et fessées.
Une autre de ses caractéristiques, c’est que, comme elle est subie par chacun dès sa petite enfance et plus souvent qu’on ne croit jusqu’à sa majorité, elle est comme l’eau du bocal pour le poisson rouge qui n’en a aucune conscience. Et cela à un point étonnant.
Comment se fait-il par exemple que les moralistes, les philosophes, les théologiens, la plupart des psychologues et des psychanalystes parlent de l’homme, de sa nature, de ses comportements sans tenir aucun compte de ce dressage par la violence subi par 80 à 90% des enfants, de la part des adultes qui sont leur base de sécurité, et cela pendant toutes les années où leur cerveau se forme? Comment le comportement de ces enfants pourrait-il ne pas en être affecté? Pourtant, la plupart des ouvrages qui se proposent d’expliquer la violence ne soufflent pas mot de cette violence première ou ne la citent qu’en passant.
Et il faut bien dire que même la théorie du mimétisme de René Girard, sauf erreur de ma part, ne tient pas compte de ce dressage.
Il est donc important de voir comment la violence éducative vient interférer avec notre tendance au mimétisme.
Violence éducative et mimétisme.
La violence des parents agit bien évidemment sur le mimétisme des enfants. La première chose qu’apprend un enfant frappé par ses parents, ce n’est pas à obéir et à mieux se comporter, c’est à frapper. On sait aujourd’hui¹² que notre cerveau est équipé de neurones miroirs qui enregistrent tous les comportements que nous observons. Et les zones du cerveau que cette observation a activées sont exactement les mêmes qui s’activent lorsque nous reproduisons le même comportement. C’est-à-dire que la violence des parents, qu’ils le veuillent ou non, prépare des chemins neuronaux à la violence des enfants.
La violence subie dans l’enfance apprend aussi à l’enfant à se soumettre, non pas à la loi, mais à la violence et aux personnalités violentes. Plus un enfant subit de violences sans pouvoir les remettre en question parce que tout son entourage les considère comme normales et bénéfiques, plus il devient capable de se laisser endoctriner et enrégimenter par tel ou tel leader politique violent qui reproduit le comportement parental. Et sa colère refoulée qui n’a pu se libérer sur ses parents pourra s’évacuer sur les “ennemis héréditaires”, les “ennemis de classe”, les mécréants ou tel ou tel bouc émissaire qu’on lui désignera. Alice Miller a montré que tous les dictateurs du XXe siècle ont eu une enfance ravagée par la violence (Hitler, Staline, Mao, Ceausescu, Saddam Hussein, Amin Dada) ou la froideur affective (Milosevic) de leurs parents ou de ceux qui les ont éduqués, et qu’ils ont pris le pouvoir sur des peuples eux-mêmes collectivement soumis à des méthodes d’éducation autoritaires et violentes.
La violence éducative peut mettre aussi hors d’usage deux freins inhibiteurs de la violence tout court.
Elle peut altérer la tendance à l’empathie, frein que nous avons en commun avec un bon nombre d’animaux. Des expériences ont montré que des singes contraints à faire souffrir un de leurs congénères pour s’alimenter préfèrent ne plus manger plutôt que de lui faire violence¹³. Mais, chez un enfant, l’empathie et la compassion s’entretiennent par l’empathie et la compassion dont il est lui-même l’objet. Si on lui fait violence sans lui marquer de compassion, il peut, pour survivre, se blinder sous les coups et perdre toute sensibilité aux émotions des autres parce qu’il ne ressent plus les siennes. C’est ainsi qu’un enfant soumis à la violence peut devenir un adulte capable des pires atrocités parce qu’émotionnellement il ne perçoit plus ses semblables comme tels.
D’autre part, du point de vue idéologique, l’utilisation de la violence dans l’éducation change son signe et lui donne, en opposition radicale avec le principe fondamental de toute morale : “Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse”, une connotation positive. Ses parents qui l’aiment frappent d’ailleurs leur enfant, “pour son bien”. La fessée (ou ailleurs la bastonnade) est censée “remettre les pendules à l’heure”, “mettre des limites”, “clarifier” ou “ventiler l’atmosphère”. Devenu adulte, pourquoi ne penserait-il pas que, de même qu’”une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne”, une “bonne guerre”, “fraîche et joyeuse” permettrait de résoudre bien des problèmes. D’autre part, mimétisme encore, le simple fait que la violence soit l’attribut des adultes la rend prestigieuse et exemplaire.
Quant à la perte de l’autonomie, donner à un enfant l’habitude d’obéir aux coups au lieu d’obéir à sa raison; pire, le contraindre à nier ses propres sentiments (“Arrête de pleurer, tu n’as pas mal!”), c’est l’entraîner dès son plus jeune âge à vivre dans la dépendance des autres. Si l’on ajoute qu’une bonne partie de la violence éducative, celle qui atteint l’enfant dans son plus jeune âge, puis à l’adolescence, concerne la propreté et la sexualité, et vise à soumettre les besoins les plus intimes du corps de l’enfant à la volonté des adultes, il ne faut pas s’étonner si l’adulte qu’il devient éprouve plus tard les plus grandes difficultés à se conduire de façon autonome, selon ses propres besoins, ses propres sentiments et sa propre raison.
Et ce ne sont pas quelques enfants qui sont soumis à ce traitement de façon plus ou moins violente, mais, d’après les enquêtes les plus fiables, de 80 à 90% des enfants sinon plus¹⁴ . On comprend facilement pourquoi il est si rare de voir des adultes se comporter de façon réellement autonome, non-violente et altruiste, l’altruisme étant en fait la véritable antithèse de la violence mimétique.
Une fois qu’on a pris conscience de l’altération des capacités d’autonomie par la violence éducative, il devient évident que cette altération ne peut que renforcer les comportements mimétiques.
Origines de la violence éducative
L’exemple des grands singes¹⁵ et celui d’un bon nombre de sociétés de chasseurs-cueilleurs que l’on a pu observer au XXe siècle montre que la violence éducative n’a rien d’inné. Les singes ne la pratiquent absolument pas et les mères ne punissent jamais leurs petits. D’autre part, les témoignages de Margaret Mead sur les Arapesh¹⁶, de Claude Lévi-Strauss sur les Nambikwaras¹⁷, de Jean Malaurie sur les esquimaux¹⁸, du Père Dhellemmes sur les Pygmées¹⁹, et bien d’autres montrent qu’un bon nombre de sociétés restées au stade de la cueillette et de la chasse ne frappent pas non plus les enfants.
Comme d’autre part, à l’inverse, on trouve dans toutes les civilisations dotées d’une écriture des proverbes conseillant de frapper les enfants, il est probable que la violence éducative est apparue et s’est répandue au moment du néolithique, quand l’homme a commencé à se livrer à l’agriculture et à l’élevage.
Certaines observations faites au cours du XXe siècle sur des sociétés passées en peu de temps de la chasse et de la cueillette à l’élevage et à l’agriculture²⁰ laissent penser que le rapprochement des naissances a pu être pour beaucoup dans l’apparition de ce comportement. Dans les sociétés de chasseurs cueilleurs, l’écart des naissances était de quatre ou cinq ans à cause de la pratique très prolongée de l’allaitement qui jouait un rôle contraceptif. Mais il s’est probablement réduit à deux ou trois ans au moment du passage à l’agriculture qui permettait de donner des bouillies de céréales et du lait d’animaux aux bébés. Le comportement d’un enfant de deux ou trois ans à l’égard de son puîné est très différent de celui d’un enfant de quatre ou cinq ans, déjà beaucoup plus autonome. A deux ou trois ans, les manifestations de jalousie sont fréquentes. De plus, les hormones de l’allaitement rendent les femmes très agressives à l’égard de tout être qui fait mine d’agresser leur nourrisson²¹. Il est donc possible que la violence éducative ait commencé par les réactions violentes des mères cherchant à mettre fin aux agressions des aînés contre le nouvel arrivant. La généralisation de ce comportement, due à la généralisation de la situation qui le provoquait a pu amener les hommes à le considérer comme normal, à le théoriser en proverbes, considérés plus tard, dans la civilisation biblique, comme paroles inspirés par Dieu.
D’autre part, les enfants qui avaient subi ce traitement l’ont intégré à leur répertoire de comportements normaux et reproduit sur leurs propres enfants par simple mimétisme d’apprentissage. La violence éducative a ainsi pu s’installer de façon durable dans le comportement humain et être considérée jusqu’à nos jours comme la manière normale d’élever les enfants.
Ainsi, le déchaînement de la violence mimétique qui date sans doute du paléolithique a pu être décuplé au moment du passage au néolithique, quand la violence éducative a commencé à être pratiquée. Celle-ci avait en effet la particularité de faire sauter tous les processus d’inhibition, et cela dès la petite enfance, avant même que l’enfant ait été exposé à des crises mimétiques susceptibles d’aboutir à des meurtres. A partir de ce moment, l’histoire de l’humanité est devenue en grande partie une histoire de guerres et de massacres.
La violence éducative dans la Bible
Dans les livres antérieurs aux Évangiles, huit dictons du livre des Proverbes (entre les Xe et Ve siècle av. J.-C) et du livre de l’Ecclésiastique²² (début du IIe siècle avant J.- C) recommandent la violence à l’égard des enfants. Par exemple :
- Celui qui ménage les verges hait son fils, mais celui qui l’aime le corrige de bonne heure (Pro. 13, 23).
- La folie est ancrée au cœur de l’enfant, le fouet bien appliqué l’en délivre (Pro. 22, 15).
- Ne ménage pas à l’enfant la correction, si tu le frappes de la baguette, il n’en mourra pas (Pro. 23, 13).
- Fais-lui courber l’échine pendant sa jeunesse, meurtris-lui les côtes tant qu’il est enfant, de crainte que, révolté, il ne te désobéisse et que tu n’en éprouves de la peine. (Eccl. 30, 12).
On voit que, sur une dizaine de siècles, l’éducation biblique considère les châtiments corporels comme une partie essentielle de l’éducation et comme un moyen de prévention de la désobéissance, même antérieurement à toute faute.
Et la vision que les juifs avaient de leur rapport à Dieu est clairement une projection des rapports terrestres entre père et fils. Dieu est constamment présenté comme un père aimant, certes, mais un père qui, parce qu’il l’aime, châtie son enfant pour le corriger : “Oui, Yahvé te corrige comme un homme corrige son fils” (Deut. 8, 6) ; “La discipline de Yahvé, mon fils, ne la repousse pas ; ne dédaigne pas son exhortation. Oui, Yahvé exhorte le fils qu’il aime comme un père le fils qu’il agrée” (Prov. 3, 11-12). Et toute l’histoire du peuple juif telle que la présente la Bible est une succession de fautes de l’homme et de châtiments infligés par Dieu : bannissement hors du Paradis, déluge, destruction de Sodome et Gomorrhe, exil à Babylone, etc. On voit que la violence éducative prend ici une dimension divine. On ne saurait trouver meilleur exemple du fait que la violence éducative, loin d’être un fait marginal dans notre culture, est un fait central placé au cœur des croyances de la civilisation judéo-chrétienne.
L’enfant modèle dans l’Évangile
Les Évangiles, eux, ne parlent pas des châtiments corporels. Mais l’attitude de Jésus à l’égard des enfants est tout à fait nouvelle et semble exclure toute violence à leur égard. Il présente l’enfant à ses disciples non pas comme un être imparfait et porteur de folie qui devrait donc être corrigé, mais, de façon radicalement contraire, comme un modèle à suivre. Ce n’est pas seulement l’imitation de Jésus que conseille l’Évangile, c’est aussi l’imitation des enfants, comportement très peu compatible avec le fait de les battre. Les trois Évangiles synoptiques retiennent la même formule appliquée aux enfants : “C’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux” ou “le Royaume de Dieu” (Matthieu, 19, 14 ; Marc, 10, 14 ; Luc, 18, 16). Plus précisément encore, l’Évangile de Matthieu avertit : “Si vous ne retournez à l’état des enfants, vous ne pourrez entrer dans le Royaume des Cieux. Qui donc se fera petit comme ce petit enfant-là, voilà le plus grand dans le Royaume des Cieux” (Matthieu, 18, 3-4). Dans l’Évangile de Luc, Jésus s’assimile à l’enfant : “Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon Nom, c’est moi qu’il accueille” (Luc, 9, 48). C’est dire que l’enfant, s’il est l’image de Jésus, lui-même image de Dieu (“celui qui m’a envoyé”), doit être respecté absolument. Propos confirmés par une autre parole des trois évangiles synoptiques : “Si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer” (Matthieu, 18, 6).
Or, présenter à un enfant un modèle de violence en lui faisant violence, c’est le scandaliser. Si Jésus ne parle pas explicitement des châtiments corporels, il va bien au-delà par l’image qu’il donne de l’enfant. Et il semble évident que les châtiments corporels en usage à son époque sont inclus dans le scandale dont risquent de se rendre coupables les adultes à l’égard des enfants.
Persistance de la violence éducative dans l’Église
Malheureusement, la Lettre aux Hébreux marque un retour à la conception d’un Dieu punisseur. Son auteur, dont on considère aujourd’hui qu’il n’est probablement pas Paul, reprend un des proverbes de l’Ancien Testament et le commente ainsi : “C’est pour votre correction que vous souffrez. C’est en fils que Dieu vous traite. Et quel est le fils que ne corrige son père ? Si vous êtes exempts de cette correction, dont tous ont leur part, c’est que vous êtes des bâtards et non des fils” (Hébreux, 12, 7-8). Pour l’auteur de cette lettre, non seulement le châtiment est pédagogique mais il est même la preuve de la filiation et de l’amour du père. Quelle différence avec le comportement du père du fils prodigue qui non seulement court au devant de son fils, l’accueille à bras ouvert, tue pour lui le veau gras, et même ne tient aucun compte de la culpabilité que le fils lui-même s’attribue !
Mais rien chez les premiers chrétiens, ni chez les suivants, hélas! ne semble montrer qu’ils aient appliqué les paroles de Jésus sur les enfants à la manière de les élever. Et à part quelques rares exceptions qui ne font que confirmer la règle, on a continué à frapper les enfants dans les familles et dans les établissements chrétiens comme on les battait avant la venue de Jésus.
Tout se passe en fait comme si les disciples de Jésus, élevés de la façon traditionnelle, c’est-à-dire par la violence, n’avaient pu comprendre les paroles de Jésus sur les enfants, dressés qu’ils étaient, depuis leur propre enfance, à trouver parfaitement normal et nécessaire de les traiter à coups de bâton. “Les Évangiles, écrit d’ailleurs Girard, sont soulevés par une intelligence qui n’est pas celle des disciples… »²³
Le premier chapitre des Confessions de saint Augustin est une étonnante vérification de cette hypothèse. Saint Augustin y évoque les mauvais traitements qu’il a subis à son entrée à l’école. Les moqueries de ses parents quand il s’en plaint montrent qu’ils ne devaient guère se conduire autrement à son égard. Mais, et c’est une démarche coutumière chez ceux qui ont subi des châtiments corporels et qui ne les ont pas suffisamment remis en question, saint Augustin reste incapable de dénoncer sans réserves ce qu’il a subi. Quelques pages plus loin, dans la suite du même premier livre des Confessions, son raisonnement s’inverse et, après avoir dit que ces études au cours desquelles il a tant souffert ont quand même contribué à l’amener à la foi chrétienne, il en arrive à contester au contraire l’enseignement de Jésus sur les enfants. : “C’est cela l’innocence enfantine? Oh ! non, Seigneur mon Dieu, de grâce ! non”. D’après lui en effet, les péchés des enfants sont la source des péchés des adultes. Et il conclut : “Un symbole d’humilité en la taille des enfants, tel fut donc, ô notre Roi, ce que tu as garanti, quand tu as dit : “A leurs pareils le royaume des cieux !” Pour lui, Jésus n’aurait pas voulu parler de leur innocence mais du symbole d’humilité qu’est leur petitesse. Et dans ce même premier livre des Confessions, saint Augustin affirme le dogme qui va être une justification de plus des châtiments corporels, le dogme du péché originel : “Nul, en effet, n’est devant toi pur de péché, non pas même l’enfant qui n’a sur terre vécu qu’un jour”. “Si petit enfant et déjà si grand pécheur !²⁴ ”
Cette démarche est tout à fait significative de l’attitude de quelqu’un qui a subi la violence quand il était enfant et qui n’a pas pu la remettre en question. S’il a été battu, c’est qu’il était coupable. Et comme tous les enfants sont battus, c’est qu’ils sont tous coupables. Ils portent le mal en eux. “Lorsqu’ils voient que tout le monde est contre eux, où puiseraient-ils la force de ne pas avouer, sur quoi se fonderait leur refus?” écrit René Girard à propos des sorcières et des accusés politiques, dans Quand ces choses commenceront…
Cette auto-accusation devenue accusation dogmatique, on la trouve partout sous des formes diverses : folie dans un des proverbes bibliques cités ci-dessus, péché originel dans le christianisme, animalité brutale chez certains auteurs chrétiens et plus tard chez certains auteurs athées pré et post darwiniens, pulsions freudiennes, violence fondamentale chez Jean Bergeret²⁵ … La psychanalyse est celle qui est allée le plus loin dans l’accusation des enfants en leur attribuant, et c’est bien significatif, les crimes considérés comme les pires depuis la nuit des temps : le parricide et l’inceste. Ceux-là même que René Girard appelle les “stéréotypes de la persécution”, ceux-là même qui, dans Oedipe-Roi sont la cause de la peste à Thèbes, et dont au Moyen-âge on accusait encore les juifs dans les textes de persécution. Il existe une “unanimité violente” contre les enfants comme contre tous les boucs émissaires.
Et du même coup, en plaçant l’origine du mal à l’intérieur des individus et dans les enfants à peine sortis du ventre maternel, saint Augustin, et l’Église qui l’a suivi, se privaient de voir que le mal est beaucoup plus dans ce qui se passe entre les individus sous la forme du mimétisme, de la violence infligée aux enfants ou sous la forme de l’absence d’altruisme, que dans les individus.
Le résultat de cette surdité de l’Église aux paroles de Jésus sur les enfants est que si quelques-uns de ses membres ont critiqué les violences excessives des maîtres, jamais, et c’est malheureusement encore vrai aujourd’hui, l’Église n’a remis en question la violence éducative parentale²⁶. C’est-à-dire qu’une partie essentielle du message du Christ, celle qui portait précisément sur le premier modèle de violence dans la vie de tous les hommes, violence qui les enferme dans un cycle de violences, n’a jamais été pratiquée ni même comprise. L’Église a prêché l’amour pendant vingt siècles tout en pratiquant dans ses écoles ou en acceptant que les parents pratiquent dans les foyers la violence sur les enfants (quand elle ne l’encourageait pas !²⁷). Autrement dit, elle a contribué à former une humanité irrésistiblement portée à la violence et elle s’est privée de ce qui était vraisemblablement une clé pour faire de l’Évangile un véritable message de paix. Car renoncer aux méthodes d’éducation traditionnelles fondées sur l’autoritarisme et la violence, fonder l’éducation sur l’amour et le respect réel des enfants, était, comme le montre l’exemple des “Justes”, la meilleure façon de promouvoir la paix et l’altruisme.
C’est pourquoi il a fallu attendre que des influences gréco-latines extérieures au christianisme (Quintilien²⁸ et Plutarque²⁹, qui se sont prononcés contre les châtiments corporels), trouvent un écho, au moment de la Renaissance, chez quelques humanistes très libres à l’égard de l’Église (Érasme³⁰ et Montaigne³¹ notamment), pour que se produise une très progressive prise de conscience qui a amené une atténuation de la violence éducative en Europe, sans pour autant que le nombre des parents qui y ont recours ait très sensiblement baissé.
Mais aujourd’hui encore, alors qu’ont été progressivement mises hors la loi au cours du XIXe et du XXe siècle, les violences faites aux domestiques, aux soldats et aux marins, aux prisonniers, aux femmes, les tribunaux français reconnaissent toujours aux parents et aux enseignants, en contradiction avec le code pénal, un droit de correction par la violence sur les enfants³². Les enfants qui ont été, à l’âge des sacrifices humains, parmi les premiers à en être victimes, sont aujourd’hui encore les derniers à être exposés légalement à la violence des coups.
La dérision est aussi un des mécanismes psychologiques par lesquels s’effectue l’exclusion de ces boucs émissaires que sont les enfants. Il est très difficile de se faire prendre au sérieux quand on dénonce la fessée. Et la raison en est que, pour en avoir tous reçu et en avoir été humiliés, nous nous distancions, par l’ironie et la dérision, de l’enfant humilié que nous avons été.
Comment sortir du cycle de la violence?
De même qu’il faut introduire dans la séquence girardienne de l’histoire des origines de l’humanité, l’apparition de la violence éducative, il faut aussi préciser par quels chemins il serait possible de sortir de la violence éducative qui contribue si activement à la violence mimétique.
Si Alice Miller et Michel Terestchenko ont raison, il est vain d’inviter les hommes à renoncer à la violence dans leurs comportements d’adultes sans leur indiquer ce qui la provoque dans l’enfance et comment y remédier. Or, l’exemple de l’autonomie des “justes” montre qu’une éducation à la fois affectueuse, non autoritaire et riche en exemples d’altruisme permet à ceux qui la reçoivent de ne pas se laisser entraîner par le mimétisme de la violence. Le passage du mimétisme d’apprentissage au mimétisme d’appropriation puis au mimétisme de la violence n’est nullement fatal. Il l’est surtout chez ceux (la majorité des hommes actuellement) qui ont été soumis à l’exemple de la violence dès leur petite enfance de la part de ceux qui constituaient leur base de sécurité et qui étaient à leurs yeux des modèles prestigieux.
C’est donc cette violence originelle, la violence éducative, qu’il faut mettre en question, qu’il faut dénoncer et qu’il faut arriver à interdire. Cette dernière mesure est nécessaire pour compenser l’extrême puissance sur l’esprit des adultes de l’autorité parentale subie dans la petite enfance. Face à cette autorité, seule l’autorité de l’Etat, assortie d’un soutien aux familles pour les aider à trouver d’autres modes d’éducation, est susceptible de faire le poids. Les États signataires de la Convention des droits de l’enfant se sont d’ailleurs en principe engagés dans ce sens, puisque l’article 19 de cette convention stipule que les États doivent protéger les enfants “contre toute forme de violence”. Mais les résistances sont très fortes à la fois au niveau des États, des institutions diverses, des religions, des parents, et il faudra beaucoup d’efforts des associations et des individus sensibilisés à ce problème pour que l’interdiction qui n’a été votée pour le moment que dans seize pays, presque tous européens, se généralise à tous les pays du monde et que d’autres modes d’éducation soient mis en œuvre par les parents.
Et il ne s’agit pas de faire des parents de nouveaux boucs émissaires. Les parents qui frappent leurs enfants ne sont que d’anciennes victimes devenues bourreaux. Il faut simplement qu’ils prennent conscience de la nocivité de ces comportements et qu’ils adoptent des méthodes d’éducation compatibles avec les vrais besoins des enfants.
Dans l’entretien que René Girard a eu avec Michel Tréguer³³ , il imagine comme possible “un bon amorçage” à partir duquel pourrait se produire, “par mimétisme”, “une réaction en chaîne” favorable, par exemple, à la décision de détruire toutes les bombes atomiques et de nourrir tous les affamés. Mais il ajoute qu’ “il y a beaucoup plus de chances pour que le mimétisme joue dans le mauvais sens”. Car “la loi quotidienne de l’homme, c’est la violence”.
Or, s’il est un point à partir duquel pourrait se produire une réaction en chaîne favorable, c’est bien la décision de renoncer à la violence éducative car précisément, elle aurait des chances sérieuses de faire que “la loi quotidienne de l’homme” ne soit plus la violence et qu’elle devienne l’autonomie et l’altruisme.
Et s’il faut imiter Jésus pour sortir du mimétisme de la violence, le premier pas à faire serait de l’imiter dans son respect des enfants.
Notes
- Les Origines de la culture, p. 137.
- Quand ces choses commenceront, p. 28.
- La Voix méconnue du réel, p. 187.
- Je vois Satan tomber comme l’éclair, p. 62
- La Découverte, 2005.
- Oliner Samuel et Pearl, The Altruistic Personality, Rescuers of Jews in Nazi Europe, What Led Ordinary People to Risk their Lives on Behalf of Others, The Free Press, Paperback Edotion, New York, 1992.
- Op. cit., p. 226.
- Latané Bibb, Darley John, The Unresponsive Bystander, Why Doesn’t he Help ?, Prentice Hall, New Jersey, 1970.
- Stanley Milgram, Soumission à l’autorité, Calmann Lévy, 1974.
- Zimbardo Philip, Maslach Christina, Haney Craig, “Stanford Prison Experiment”, in Blass T. (sous la dir. de), Obedience to Authority, Current Perspectives on the Milgram Paradigm, 2000.
- Dont, entre autres, C’est pour ton bien (Aubier, 1984), La Connaissance interdite (Aubier, 1990), Abattre le mur du silence (Aubier, 1990), Libres de savoir (Flammarion, 2001), Notre corps ne ment jamais (Flammarion, 2004).
- La découverte a été faite autour de 1992 par le professeur Rizzolatti de l’université de Parme. Cf. Marc Jeannerod, Le Cerveau intime, Odile Jacob, 2002.
- Expériences mentionnées par Antonio Damasio dans Spinoza avait raison, Odile Jacob, 2003, p. 264.
- Au cours d’un débat au Conseil de l’Europe, le 21 juillet 2004, les pourcentages suivants d’enfants ayant subi des punitions corporelles ont été avancés pour six pays, tous européens : Croatie: 93 %; 27 % ont reçu des coups entraînant des blessures. Pologne: 80%. Roumanie: 84%. D’autres sondages pour le Royaume-Uni donnent 91% d’enfants battus, pour le Canada, 75 %, pour la France, 84%, Pour le Maroc, 85% à l’école, pour le Cameroun, 90% à la maison et 96%en classe. Pour plus de précisions sur la violence éducative dans le monde, lire La Fessée, Questions sur la violence éducative (La Plage, 2001).
- D’après le témoignage de chercheurs du zoo d’Anvers recueilli par l’auteur.
- Mœurs et sexualité en Océanie, Terre humaine, 1963.
- Tristes Tropiques, Terre humaine, 1955.
- Les Derniers Rois de Thulé, Terre humaine, 1976.
- Le Père des Pygmées, Flammarion, 1985.
- Sarah Blaffer Hrdy, Les Instincts maternels, Payot, 2002, p. 141.
- Sarah Blaffer Hrdy, op. cit. p. 83.
- Proverbes, 13,23; 19,18; 22,15; 23,13; 23, 14; 29, 15. Ecclésiastique, 30,1; 30, 12.
- Quand ces choses commenceront…, p. 146.
- Traduction de Louis de Mondadon, S. J., Livre de poche, 1947.
- Jean Bergeret, La Violence et la vie, La face cachée de l’œdipe, Bibliothèque scientifique Payot, 1994.
- Le Catéchisme de l’Église Catholique, validé par le Pape Jean-Paul II en 1992, cite encore tel quel, dans son paragraphe 2223 du chapitre sur le quatrième commandement (le respect dû aux parents), le proverbe biblique : “Qui aime son fils lui prodigue des verges, qui corrige son fils en tirera profit” (Si, 30, 1-2) sans l’accompagner d’un commentaire susceptible d’en atténuer le sens littéral.
- Aujourd’hui encore, dans plusieurs pays du monde, les Églises et les religions en général sont parmi les principaux opposants à l’interdiction des châtiments corporels considérés comme le “châtiment biblique”.
- Quintilien (30-100 ap. J.-C.), Institution oratoire.
- Plutarque, Moralia (vol. 1) et Vie de Caton dans La Vie des hommes illustres..
- Erasme, Colloquia familiaria.
- Montaigne, Essais, livre I, chapitre 26.
- Martine Herzog-Evans, Châtiments corporels, vers la fin d’une exception culturelle, Actualité juridique famille, juin 2005.
- Quand ces choses commenceront, Arléa, 1994, p. 25.
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