Olivier Maurel

Écrivain militant – Non à la violence éducative !

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Rompre avec la violence éducative

1 – Danielle. Dans les précédentes émissions, vous avez défini la violence éducative ordinaire en la distinguant de la maltraitance. Vous avez montré que le niveau de cette violence éducative a baissé dans les pays européens sans que le nombre de parents qui y recourent ait beaucoup diminué. Mais que ce niveau est resté très élevé dans la plupart des pays non-européens. Vous avez montré enfin la gravité des conséquences de la violence éducative, dont en particulier les conséquences sur la violence collective des conflits civils et internationaux.

Pouvez-vous maintenant préciser comment on peut, d’après vous, rompre avec la violence éducative et s’orienter vers une éducation sans violence ?

On peut agir à plusieurs niveaux :
- si on est parent, on peut éviter de recourir à la violence éducative sur ses propres enfants;
- si on n’a pas d’enfants, on peut agir au niveau individuel et au niveau des communes;
- on peut agir aussi au niveau national et international;
- et enfin, pour les chrétiens, au niveau des Églises.

2 – Françoise. Commençons par le niveau des parents. Est-ce que l’amour maternel et paternel ne suffit pas pour bien élever ses enfants ?

On aimerait pouvoir dire que l’amour suffit à tout. Mais ce n’est pas exact. La plupart des parents pensent aimer leurs enfants, même ceux qui les maltraitent.

En réalité, en tant que parents, nous avons tous été formés sur le tas. Ou plutôt sur deux tas. Celui de notre propre enfance où nous avons vu nos parents nous éduquer, bien ou mal. Puis, celui de notre propre expérience de la maternité ou de la paternité. Le plus souvent, c’est par rapport à la manière dont nous avons été élevés que nous élevons nos enfants, en essayant de reproduire notre propre éducation, ou au contraire de nous en distinguer le plus possible.

Quelques parents cherchent des conseils sur l’éducation dans les livres publiés au moment où le problème de l’éducation se pose pour eux.

Mais en ce qui concerne la violence éducative, toutes les études montrent que 80 à 90% des parents reproduisent le niveau de violence éducative toléré dans la société où ils vivent. Et, quel que soit ce niveau de violence, fessée ou bastonnade, ils pensent bien élever leurs enfants.

3 – Danielle. Que doivent donc faire des parents pour élever leurs enfants sans violence?

On peut distinguer deux cas assez différents.

Premier cas : celui des parents qui n’ont été ni frappés ni frappeurs et dont l’enfant arrive à l’âge des premiers conflits.

C’est le meilleur des cas. En effet, il est rare que des parents qui n’ont jamais été frappés soient portés à frapper leurs propres enfants. Il faut toutefois tenir compte du fait qu’on a rarement des souvenirs antérieurs à l’âge de trois ans et donc qu’on peut avoir reçu des fessées avant cet âge. Il faut tenir compte aussi des nounous qui ont pu en donner sans que les parents le sachent.

En tout cas, si on n’en a jamais reçu, le plus important est de ne pas commencer. Comme l’écrit la psychologue Isabelle Filliozat, le premier coup qu’on donne à un enfant ouvre un “chemin neuronal” dans le cerveau, chemin qu’on risque d’emprunter de nouveau à la prochaine désobéissance de l’enfant.

Pour ne pas commencer, il faut remplir certaines conditions positives pour ne pas créer soi-même des occasions de conflit avec l’enfant, sans faire pour autant , comme on dit, “ses quatre volontés”.

4 – Françoise. Qu’est-ce que vous appelez : “remplir les conditions positives” ?

Par exemple, veiller à la satisfaction des besoins de l’enfant. Je ne dis pas des désirs, mais des besoins. Un enfant dont les besoins physiques et affectifs ne sont pas satisfaits risque de manifester son état de manque de diverses façons très propres à faire démanger la main des parents.

Autre nécessité, établir avec l’enfant une relation de confiance et d’échange qui facilite le règlement des petits conflits de la vie quotidienne..
Il faut aussi réduire le plus possible les occasions de conflit en amén[...]

Émission RCF (Radio chrétienne, Toulon)