Olivier Maurel

Écrivain militant – Non à la violence éducative !

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Lettre à la Fédération des Ligues des Droits de l’Homme

Lettre adressée à Madame Souhayr Belhassen, Présidente de la Fédération des Ligues des Droits de l’Homme.

Madame la Présidente

C’est au nom de l’Observatoire de la Violence Educative Ordinaire que je me permets de vous écrire.

Le but de notre Observatoire est de faire connaître la réalité des punitions corporelles et des humiliations infligées aux enfants dans les familles et souvent dans les écoles partout dans le monde, punitions tolérées, voire recommandées par l’opinion publique.

Or, depuis que je travaille sur cette question, je constate avec tristesse que les Ligues des Droits de l’Homme, pour des raisons qui m’échappent, ne se préoccupent en général en aucune manière de ces atteintes aux droits de l’homme que sont ces punitions corporelles infligées aux enfants. Pourtant, d’après la majorité des enquêtes effectuées  dans de multiples pays, ce sont 80 à 90% des enfants qui sont victimes de ces violences. Et, dans la plupart des pays du monde, ces violences sont du niveau de la bastonnade.

J’ai plusieurs fois interpellé la Ligue des Droits de l’Homme française sur cette question sans obtenir de réponse, pour la bonne et simple raison que la LDH française ne s’est jamais, à ma connaissance, occupée de cette question. De même, elle n’a pas signé un appel pour l’interdiction des punitions corporelles pourtant signé par cent trente-trois associations françaises au printemps dernier.

De même, je viens de parcourir le site de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme et, sauf erreur, le thème des punitions corporelles infligées aux enfants dans les familles n’y est abordé nulle part. Si je me trompe, je serai heureux d’être détrompé !

Cette indifférence apparente des Ligues des Droits de l’Homme à l’égard des violences à visée éducative infligées aux enfants est stupéfiante pour de multiples raisons dont je ne citerai que les principales.

Dans la plupart des pays, on a, au cours des XIXe et XXe siècles, interdit de frapper toutes les catégories d’êtres humains que l’on frappait impunément autrefois : domestiques, hommes de troupe et marins, prisonniers, femmes, malades mentaux et, dans un certain nombre de pays, les enfants à l’école. Mais on continue à considérer comme normal le fait que les parents frappent les enfants, alors que les enfants sont les êtres les plus fragiles, les plus vulnérables et ceux sur lesquels la violence risque d’avoir les plus durables conséquences.

De multiples études ont montré les graves effets que peuvent avoir sur les enfants les punitions corporelles, aussi bien sur la santé physique que sur la santé mentale des enfants. Le rapport de l’OMS de novembre 2002 sur la violence et la santé en témoigne.

De plus, frapper les enfants dès le plus jeune âge a pour résultat de banaliser à leurs yeux la violence, de les habituer à la violence et de la leur faire considérer comme un moyen normal de régler les conflits.

Frapper les enfants pour les éduquer et les faire obéir, c’est les soumettre au droit du plus fort pendant toutes les années où leur cerveau se forme. Comment espérer qu’élevés ainsi ils soient portés à respecter les droits de l’homme et, notamment, les droits des plus faibles ?

Il y aurait encore une multitude de choses à dire sur l’incompatibilité entre droits de l’homme et violence éducative ordinaire. Mais vous en êtes certainement consciente et je ne veux pas vous importuner davantage. Il ne vous aura certainement pas échappé d’ailleurs que le Conseil de l’Europe s’apprête à lancer une grande campagne pour demander l’interdiction des punitions corporelles à visée éducative, déjà votée par plusieurs pays.

Je terminerai donc simplement par une question. Ne vous serait-il pas possible soit de me rassurer en me montrant que je connais mal l’action des Ligues des Droits de l’Homme et qu’elles agissent bien dans ce domaine, soit d’attirer leur attention sur cette forme de violence qui touche l’humanité presque entière pendant toutes les années où elle se socialise ?

Veuillez agréer, Madame la Présidente, mes respectueuses salutations.

Olivier Maurel, le 8 août 2007