Olivier Maurel

Écrivain militant – Non à la violence éducative !

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Ces deux tiers de l’humanité qui brutalisent l’autre…

La population mondiale compte 33% d’enfants de moins de 15 ans. Si l’on tient compte du fait que l’enfance dure en fait jusqu’à la majorité et si on fixe celle-ci à dix-huit ans, bien plus d’un tiers de la population mondiale est composé d’enfants.

Or, s’il est un fait dont on ne tient jamais compte parmi les rapports d’oppression, c’est que sur toute la surface de la terre, à l’exception de douze pays, les deux tiers de l’humanité composés d’adultes s’attribuent depuis des millénaires le droit de frapper le tiers restant. D’après les enquêtes les plus sérieuses, 90% des enfants du monde subissent des coups qui vont de la tape et de la gifle à la bastonnade, celle-ci étant le procédé le plus largement employé, et très souvent avec une grande violence.

Cela signifie qu’entre leur naissance et l’âge de dix-huit ans, souvent plus tard encore, tout se passe comme si la quasi totalité de la cohorte des millions d’enfants en marche vers l’âge adulte cheminaient sous une grêle de coups de leurs parents et de leurs maîtres, comme s’ils étaient des animaux ou des esclaves. Quand ils ne la subissent pas, ils ont de bonnes raisons de la craindre car ils la voient subir par leurs frères, leurs sœurs ou leurs camarades les plus proches et ils vivent donc dans la crainte tout au long de leurs années d’enfance.

Et si les parents et les éducateurs frappent ainsi les enfants, ce n’est pas pour leur faire du mal mais pour leur faire du bien ! De telle sorte que l’accession à l’âge adulte est, entre autres choses, l’accession à l’âge où, dans la plupart des cas, on est protégé des coups par la loi et où l’on acquiert d’office le droit de frapper la génération montante, “pour son bien”. De plus, formés de cette manière, les enfants arrivent à leur majorité avec la conviction qu’il est normal de régler les conflits par la violence.

Si nous intégrions ce paramètre à notre vision de l’histoire de l’humanité, nous comprendrions mieux pourquoi les hommes sont capables des pires horreurs, ayant appris sous les coups, dès leur plus jeune âge, qu’il était normal de frapper les êtres les plus faibles et les plus vulnérables.